Ce matin, après 4 jours au même endroit (un record !) on remballe tout pour se diriger vers le Landamanalaugar, situé dans les Highlands juste au nord de la calotte glacière de Myrdalsjokull. C’est incontestablement le plus beau trek d‘Islande, et accessoirement l’un des plus beaux du monde.
Au début j’avais grave envie de le faire. 55 km de rando dans sa version courte, sur le papier, Noah nous les fait je pense sans grand problème, même si tous les sites de rando le déconseillent aux enfants. Mais ce qui nous chiffonnait, c’est l‘imprévisibilité de la météo. Il faut 4 à 5 jours pour faire ce trek, et beau 5 jours d’affilés, quand on est coincé entre les calottes glaciaires et les points chauds de la faille qui sépare les plaques européennes et américaines, il ne faut pas trop rêver. Alors on n’a pas voulu tenter le diable et se retrouver en galère à marcher 15 km par jour trempés jusqu’aux os avec notre ouistiti qui râle. L’idée c’est quand même de passer de bonnes vacances.
Mais on ne s’était pas rendu vaincus pour autant. Dans le Landmanalaugar il n’y a pas d’hébergement ? Alors oui, c’est en grande partie vrai, sauf si on élargi la recherche à 1h de route du Landmanalaugar, et là, il y en a 2 ou on peut dormir dans du dur. Attention, je’ai pas dit que ce ne serait pas un peu spartiate, mais au moins il y a des murs.
On va donc faire une « bloucle » comme dirait Noah.
On part à l’ouest vers Hella, on remonte au Nord par la F208 en contournant le Landmanalaugar par le Nord-ouest. On dort 3 nuits au nord de la F208 au Highland center Hrauneyjar à partir duquel moyennant 1h de route on pourra faire des allers et retours quotidien là-bas, puis du Landmanalaugar on ira dormir cette fois 3 autres nuits au refuge de Holaskjol, lui aussi situé sur la F208 mais à 50km à l’est pour randonner de l’autre côté. Restera plus qu’à redescendre sur la côte sud de l’ile et se retrouver à moins de 50km de là ou on est actuellement. Elémentaire non ?
Mais pourquoi faire le Landmanalaugar de Hrauneyar et pas de Holskjol alors que les 2 sont à équidistance du camp du Landmalaugar ? Et bien tout d’abord parce que la seule station service à 200km à la ronde est à Hrauneyar donc avec nos allers-retours quotidiens, on risquait de tomber en panne d’essence. Ensuite, parce que de Hrauneyar, il n’y a aucun gué de rivière à franchir pour rejoindre le Landamnalaugar, alors que de Holskjol, il n’y en a pas moins de 15 en 50km. Sur 3 jours, on est donc à 0 gué contre près de 90 sinon !
Quand on sait la galère que c’est en Islande de franchir les gués qui deviennent impraticables à la moindre pluie ou fonte des glaces quand il fait un peu chaud, on se rend la vie beaucoup plus simple ainsi, non ? Pas folle la guêpe.
On n’évitera néanmoins pas tous les gués car pour passer d’un hébergement à l’autre on devra traverser au moins cette route. Mais 15 gués, c’est quand même mieux que 90 non ? Allez chaque jour suffit sa peine on verra dans 3 jours.
Autre sujet, la restauration. A Hrauneyjar, il y a un restau le soir apparemment. A Holsakjol j’ai compris qu’on aurait une petite cuisine mais aucun point de restauration à moins de 2h de route, donc faut qu’on amène des trucs pour se faire à manger pour 3 jours et surtout de quoi manger à midi et pour se requinquer pour une semaine de rando.
Décidément, cet été au niveau hébergement on aura tout fait. Entre la maison à Biarritz, le château en Sologne vide de mobilier où on a dormi sur 2 matelas en mode Tüche et maintenant le refuge amélioré, le moins qu’on puisse dire c’est qu’on est adaptable.
Maintenant que tout le monde est au fait de notre prochaine semaine en Islande et de nos impératifs de ravitaillement du jour, pas question pour cette journée de transition de ne faire que de la route et des courses.
On a donc prévu d’aller à Reykjadalur, pour se baigner dans une rivière chaude. C’est près de Selfoss donc cela ne fait pas un grand détour et c’est l’occasion de marcher presque 2h dans un cadre idyllique et de récompenser au bout Noah qui Adoooore les « bains chauds ».
Mais s’est invité au programme des courses alimentaires de la semaine à venir, d’autres achats de première nécessité avant de quitter la civilisation : des produits anti-poux et des serviettes la rivière chaude du jour car qui dit changement d’hôtel dans la journée dit impossibilité d’utiliser celle de l’hôtel.
Noah, lui, son sujet c’est surtout les serviettes pour le bain chaud, parce que tant qu’il a des poux, il peut voir des dessins animés. La nana de l’hôtel nous avait donné une adresse à 15km de là pour acheter des serviettes et on avait repéré 2 pharmacies sur la route à moins de 100km.
Pierre nous avait préconisé d’acheter de L’Ivermectine qui indépendamment des bienfaits controversés de la molécule sur le Covid a des effets prouvés certains sur l’éradication des poux par voix médicamenteuse ce qui vu la chevelure de Noah, mais surtout de Virginie nous faciliterait grandement le traitement. Reste à voir s’ils en ont en Islande en période de Covid..
Nous voici donc parfaitement calés pour expédier les différentes courses et se jeter à l’assaut de la rivière chaude sans perdre de temps.
Sauf que voila, arrivés au magasin pour acheter les serviettes, celui-ci est étonnamment fermé. Comme la pharmacie à côté d’ailleurs. Etrange. On est pourtant lundi. Je recherche sur google une autre pharmacie (qui est à 54 km, et oui on est en Islande), mais Google m’informe que les ouvertures sont susceptibles de changer compte de tenu du fait que c’est la fête des commerces aujourd’hui en Islande. WHAT ??? Et oui nous on a la fête du travail, et eux, le 2 août c’est la fête des commerces et tout est fermé.
Alors là c’est la vraie galère car pour les 6 prochaines nuits on est dans un endroit ou clairement il n’y aura aucune pharmacie. Après voir retiré bien 60 poux de la tête de Noah hier, et avoir sur simple coup d’œil ce matin vu qu’il y en avait tout autant au même endroit qu’on avait traité, on n’osait même pas imaginer le carnage si on devait décaler le traitement d’une semaine.
Nous dirigeant vers Selfoss qui n’avait que 3 pharmacies, dont 2 indiquaient déjà sur Google n’ouvrir que demain et l’autre à l’horaire incertain mais directement sur répondeur quand on appelait (répondeur particulièrement compréhensif en islandais ce qui ne nous avançait à rien), on était déjà à se dire qu’après Selfoss notre seule chance serait d’aller à Reykjavik qui n’est pas vraiment la porte à côté et encore moins si on doit dormir dans le centre de l’ile ce soir. La poisse.
Arrivés à Selfoss qui reste une bourgade, la quasi-totalité des magasins sont fermés. Mais on va avoir 2 coups de chance successifs. Une pharmacie non répertoriée s’avère ouverte. Bon fallait pas rêver, l’ivermectine connaît pas, mais un bon vieux produit anti-poux avec notice en français était dispo (on est les rois de l’importation ou les français sont des gros déguelasses ?). On se prend 5 bouteilles (3 d’une marque, 2 d’une autre) et en sortant il y a un supermarché Netto également ouvert. Virginie tente sa chance et revient avec une serviette de taille moyenne. C’était la dernière du rayon, sachant qu’en revanche si on voulait s’en tricoter une il y avait juste à coté un linéaire de 3 mètres de long rempli de pelotes de laines. 1 pour 3 c’est un peu juste vu qu’il ne fait pas exactement 30 degrés en islande quand tu sors de l’eau et qu’il va falloir se faire 1h de marche retour au bas mot ensuite, mais c’est suffisant pour réaliser le rêve de bain chaud de Noah. Elle me dit aussi qu’il y a quelques mini-serviettes (genre de la taille d’une serviette de table). Banco, elle y retourne et en prends 3. On verra bien.
Et ça tombe bien qu’on ait choisi cette option parce que tout est vraiment fermé aujourd’hui et le seul autre supermarché ouvert s’avère ne rien avoir. Il est 12h45. Le temps s’améliore (la météo est assez fiable depuis le début) donc impasse sur les courses alimentaires qu’on fera plus tard et sur le dej et on part directement à la rivière chaude de Reykjadalur. Une bonne heure de marche pour y arriver à la vitesse de l’éclair – c’est l’appel du bain chaud – à travers fumerolles et autres bains bouillonnants. Et en effet, au milieu de nulle part, on débouche sur une rivière dont l’eau est à 35 – 40 degrés. Le temps est plutôt beau, il ne fait pas froid, pas de vent. Parfait.
Ils ont aménagé sommairement l’accès avec une passerelle en bois et ça et la 3 pans de bois en mode fleur pour permettre de se changer, mais qui en fait ne cachent rien et attirent plutôt le regard sur les gens qui s’y changent. Noah veut aller tout de suite dans la rivière, mais elle n’est en fait que très peu profonde (20 à 50 cm tout au plus et donc la majeure partie des gens sont à moitié dans l’eau ou allongés pour être un peu au chaud. Ca et là, des petites retenues d’eau se forment par l’amas de petits cailloux et elles ont donc plus de profondeur, mais il y a un peu de monde et je m’attèle donc à trouver un spot libre. La patience est la mère des vertus Noah… qui n’en a rien à faire visiblement vu qu’il est prêt à se mettre à poil et se jeter dans la rivière n’importe où.
Mais ce petit repérage paye et on se dégotte un endroit calme où on va pouvoir s’immerger tous les 3 quasi intégralement dans un petit coude de la rivière. Je le mets en maillot vite fait et je le dépose in extremis dans le spot alors qu’un papa et son fils allait nous le chiper sous le nez. Puis on se change Virginie et moi à la vue de tout le monde pour garder notre spot et nous voilà dans une eau à 35 degrés en pleine nature. Le kiff.
Noah jouera dans la rivière puis squattera un autre spot ce qui nous permettra d’annexer tout un bras de rivière rien que pour nous. De son spot, il jouera à nous envoyer des herbes et des petites branches en utilisant le courant. On ne voit pas le temps passer tant est si bien qu’on y reste au final plus d’une heure. Entre temps comme c’était l’heure de déjeuner de nombreuses personnes étaient partis et on avait donc retrouvé une tranquillité plus en phase avec les lieux. 1h pour redescendre et nous voici vers 15h30 à la voiture sans avoir mangé. Noah avale un petit prince pour patienter et on décide de faire un dîner tôt plutôt que chercher à déjeuner à l’heure du goûter.
On retourne au Kronan ouvert pour faire nos courses alimentaires. Essentiellement des variations de pates avec des légumes, des fruits rouges et des cochonneries pour le midi quand on sera en rando, puis on va dîner à 17h20 au restaurant Tryggvaskali où on avait déjà dîner le soir de notre arrivée en Islande il y a 2 ans. C’était très bon sauf que Noah épuisé avait littéralement dormi dans les bras de Virginie pendant le repas. L’occasion de réessayer le restau dans de bonnes conditions.
Noah se réessayera au Lamb et on en profitera en attendant les plats pour initier Virginie aux joies du Poker sous l’œil un peu dubitatif du serveur.
A 18h15 on a fini de dîner. Direction Hrauneyar qui n’est plus qu’à 1h15 de « mauvaise » route dans un paysage lunaire comme seuls l’Islande sait en distiller. C’est bien simple, outre le fait qu’effectivement sur 70 km il n’y a rien, mais quand je dis rien, c’est rien (pas un humain, pas un animal, pas un semblant de construction, pas de végétation), lorsque Google nous indique qu’on est arrivé dans 600 mètres on est un peu dérouté car il n’y a toujours rien en vu. Ou pour être plus précis, si, on distingue au loin sur une hauteur ce qui ressemble à une cuve à fioul.
Bon ben voilà, super, on va dormir dans une cuve à fioul.
Finalement on est mauvaise langue. Dans une très légère dépression, apparait au milieu de nulle part un bâtiment tout allongé doublé d’une pompe à essence. Que demande le peuple. Un toit, de l’essence. Royal au bar.
Pour le temps en revanche, il ne pleut pas mais c’est bouché de chez bouché. En même temps je scrute la météo depuis 4 jours et honnêtement à part de la pluie, ils n’annoncent pas grand-chose d’autre sur toute la zone (et toute l’Islande d’ailleurs) pour la semaine qui vient. Aurais-je mis la famillia dans une bonne galère avec un hébergement pourri et aucune possibilité de rando pour cause de temps déguelasse ? L’avenir nous le dira bien trop tôt je le crains.
Pendant que Virginie s’emploie à décharger la caravane (on n’a plus une place dans la bagnole entre les 3 tenues du jour pour parer au mauvais temps éventuel, les courses, les sacs, etc…), je vais à la réception.
Premier accueil : « merci d’enlever vos chaussures ou de mettre des protections bleues disponibles dans une poubelle à l’entrée ». Puis je donne ma carte pour payer notre palace. Pour une fois le montant s’affiche en euros au lieu d’en islandais. J’aurai préféré en islandais parce qu’avec la conversion de 6,15 € pour 1000 ISK on ne sait jamais trop ce que ça coûte alors que là je vois afficher 936 € pour 3 jours. Le prix d’un palace mais pas vraiment le palace. Et pour ce prix là tu n’as que le petit dej d’inclus.
Ensuite, le deuxième message de bienvenue. « Vous avez la douche dans votre chambre ». Ah chouette, en même temps quand on te précise ça, c’est que les étoiles tu ne les as pas sous le nom de l’hôtel et probablement pas dans les yeux non plus).
« Vous avez un ballon d’eau chaude personnel ». De mieux en mieux. « Donc vous aurez 4 à 5 minutes de chaud et après il faudra attendre 20 minutes pour avoir à nouveau de l’eau chaude ». Pffffffiiiiooooouuuuu (Ca c’est moi qui me dégonfle en imaginant qu’il va falloir que j’explique ça à Virginie sachant qu’on doit se traiter tous les trois à l’anti-poux en arrivant).
Elle me tend la clé du palace. C’est la 609 (Au moins Noah va être content il adore le 6. La première maison était la numéro 6 à notre arrivée. La seconde maison où on est resté 3 nuits était aussi la numéro 6. Et maintenant 609. Le 9 c’est un 6 inversé. C’est un signe ça non ?). Pour le signe je ne sais pas car elle m’indique que c’est au fond du couloir pour notre chambre triple. Sur la première partie du couloir c’est du mur avec des portes espacés de 5 mètres environ, mais quand on arrive dans les 600 on passe plutôt à l’Algeco avec des portes en papier à cigarette espacés de 3 mètres.
J’entre. Effectivement c’est sommaire, mais techniquement il y a bien un lit double et un lit simple dans 10 m2 et un coin douche/lavabo/chiotte sur 2m2. Bon en fait c’est effectivement très épuré mais en fait on a tout ce dont on a besoin. Enfin, à part l’eau chaude pour le traitement anti-poux.
Noah trouve ça super. Virginie arrive avec notre caravane (qui va prendre 1/3 de l’espace vital) et elle trouve cela fonctionnel ce qui est techniquement correct, et ca lui va très bien (quel bonheur d’avoir une femme automatico adaptable). Bon l’histoire de l’eau chaude la refroidit un peu, mais de toute façon il faut le faire donc allons-y. Noah est super content, il va à nouveau avoir droit à un dessin animé pendant l’application du produit, le passage au peigne fin etc…
22h Noah et moi avons réussi à faire le traitement et pendant que Virginie s’attaque à l’Everest de sa chevelure j’arrive à le coucher dans nos 10m2.
Au final, Noah sort vainqueur haut la main si je puis dire. On a retiré au peigne au moins 200 poux (et malheureusement Virginie confirmera que c’est loin d’être un chiffre de marseillais). Moi moins d’une dizaine et encore des tout petits. Virginie à peine 4. C’est presque le plus inquiétant. En même temps dans cette touffe… A suivre, il nous reste 3 bouteilles et demie pour remettre le couvert si nécessaire.
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