Ce matin, réveil à 5h30 pour changer, mais promis Noah, c’est le dernier matin comme cela. Virginie était dubitative sur la qualité du safari après Imagine Africa qui était vraiment chouette, d’autant qu’on avait vu des clients plutôt pas drôles et des jeeps fermées là où on s’était garé plutôt pas géniales. En plus, arrivés à 5h50 à l’accueil la tête un peu enfarinée, on nous dit qu’on attend des gens de l’extérieur pour le safari et qu’ils sont en retard. remarque c’est pas si grave vu le lever du soleil devant nous.

Mais à 6h05 ça se décante dans le bon sens. Les personnes qu’on attendait ne se sont pas pointées, donc on a la jeep pour nous tout seuls. Au lieu de rejoindre le parking du lodge, on nous fait descendre par un escalier qu’on n’avait pas encore remarqué et qui nous emmène tout droit sur une jeep exactement du même type que celle de Imagine Africa avec un guide et un pisteur qui ont l’air plutôt très bien. Virginie et Noah sont ravis.

Le guide, Samy, demande à Noah ce qu’il aimerait voir. Sans hésitation, Noah répond des guépards. C’est vrai qu’à part au Rescue Center nous n’en n’avons pas vu pour l’instant. Samy explique à Noah qu’il va faire de son mieux, et nous voilà partis.

Ici la savane est beaucoup plus dense, les arbres beaucoup plus hauts. L’une des raisons s’avèrera que contrairement à Balule, il y a peu d’éléphants ici. Les arbres sont ainsi épargnés. Et ceci impacte donc également la faune. Donc pour moi on ne devrait pas voir de guépards qui apprécient plutôt les plaines herbeuses avec de la visibilité. On verra bien…

On aperçoit rapidement de nombreux vautours dans les arbres alors qu’on n’en n’avait pas vu un seul à Balule. Apparemment ils ont répertorié environ 25 nids actifs dans la réserve. Ici les vautours ne risquent pas de voir leurs nids renversés par les éléphants alors ils apprécient cet endroit. Il les construisent de préférence dans les arbres morts, car avec leur envergure, il est plus facile pour le vautour de s’envoler s’il n’est pas gêné par le feuillage.

Quelques minutes plus tard, Samy repère des traces de Rhinocéros. Il laisse le pisteur s’enfoncer dans les buissons pendant qu’on poursuit notre chemin et qu’on tombe sur un groupe de kudus. Peu après, la sentence tombe, il a retrouvé les rhinocéros. On repart dans l’autre sens, on s’enfonce dans la végétation dense et tout d’un coup on aperçoit un rhinocéros blanc et son bébé de 2 mois. C’est Boubou qui va être content ! Hein, Noah ? On les observe tout seul. C’est chouette.

Puis on repart ensuite en quête de nos guépards. Samy nous explique qu’il va longer la clôture de la réserve (qui fait plus de 40 000 hectares) car elle offre un long espace dégagé que les guépards de cette réserve affectionnent pour la chasse. Du coup avec les nuits fraiches et le fait qu’on roule vite en terrain dégagé on a tôt fait d’être frigorifiés. Heureusement qu’il y a des pilou-pilous. Moins chauds qu’à imagine Africa mais avec des motifs de guépard. C’est un signe non ?

On roule ainsi pendant 20 minutes environ, ne nous arrêtant que pour checker des traces. Peu d’animaux visibles du fait de la végétation. Mais alors que Virginie a officiellement perdu 2 orteils dans le froid, on arrive à l’angle nord-est de la réserve et qui voit-on, allongés comme deux gros chats en train de se léchouiller ?  Nos 2 guépards mâles. Première fois que Noah en voit dans la vie sauvage. Ce sont 2 frères récemment introduits dans cette réserve. Les léchouilles c’est pour asseoir la cohésion.

Quand on repart, ce sera pour se mettre rapidement à suivre des traces de lion, mais sans grand succès, alors on se fait une petite pause collation / boisson chaude. L’occasion de taper la discute avec Samy. Je profite qu’on s’est arrêté à quelques mètres de traces fraîches de lions pour lui demander comment on fait pour se balader à pied dans le bush sans risque.

Il me dit que c’est principalement une question d’attitude et d’observation. D’ailleurs ceux qui luttent au quotidien contre les braconniers se déplacent à pied la nuit dans les réserves pour ne pas être  repérés à des kilomètres.

Prenons l’exemple des lions. Ils n’attaquent globalement pas les hommes, car nous avons des caractéristiques morphologies de prédateurs comme le fait que nos yeux soient rapprochés au centre du visage pour avoir une vue pour isoler et suivre une proie vs les herbivores qui auront une vision périphérique pour repérer les prédateurs. De même les proies des lions sont sur 4 pattes et nous évoluons sur 2 pattes (ce à quoi Noah répondra que les autruches ne sont que sur 2 pattes. Pas faux). Ensuite, notre odeur n’est pas caractéristique du bush.

Ok, donc nous ne sommes pas considérés naturellement comme une proie naturelle, mais quid d’un éventuel compétiteur ? Le léopard ou la hyène sont pourtant attaqués par les lions, non ?  

En partie me répond-il. C’est pour cela d’ailleurs qu’un lion rugirait à notre approche, qui est son signe pour avertir l’intrus qu’il pénètre son territoire alors qu’il se gardera bien de rugir devant un impala au risque de le faire fuir.

Face à un lion, en restant immobile tout en le fixant dans les yeux on se comporte comme un prédateur qui n’a pas peur de lui donc qui est potentiellement dangereux.

Si on part en fuyant, comme le fera un herbivore ou même un léopard par exemple, on reprend les codes de la proie qu’il connait et attaquera.

Si on avance vers lui (en même temps qui le ferait volontairement ? ) il peut penser qu’on souhaite le défier pour son territoire et nous attaquer en retour.

Un lion se gardera bien d’attaquer un prédateur susceptible de le blesser s’il ne se sent pas obligé de le faire car une blessure pour un lion c’est le risque de mourir de faim s’il ne peut plus chasser.

Ainsi, une fois ce premier rapport de force établi, en reculant doucement, on lui signifie qu’on est dangereux, qu’on a compris qu’on est sur son territoire et que comme lui on ne souhaite pas se battre inutilement, et qu’on choisit de respecter son territoire en allant voir ailleurs.

Il ajoute que dans le bush, les principaux accidents avec des lions sont liés à la méconnaissance du comportement à adopter ou au fait de leur « tomber dessus » par hasard faute de les avoir repéré à temps.

Et puis si ça ne marche pas, cherchez le panneau qui indique où courir si le lion est à vos trousses hein ?

Bon ce n’est pas tout, mais avec tout cela il est temps de repartir. On verra quelques singes, crocos et hippopotames sur le retour. On a vu moins d’animaux qu’à Balule, mais on a coché les cases de certains qui nous manquaient. Le compteur de séquences d’animaux vus depuis notre arrivée en Afrique du sud est à près de 146 depuis notre arrivée en Afrique du Sud. Noah tient le compte !

Sitôt de retour au lodge, et après un bon petit déjeuner, on se remet en route pour un autre Rescue Center que j’ai dégotté un peu par miracle à 8h ce matin car il fallait le réserver 24h à l’avance pour y aller et quand j’avais appelé hier soir, leur bureau était fermé. Heureusement j’avais bombardé de mail et de Whatsapp et pendant le safari matinal j’avais enfin reçu confirmation pour une visite à 11h. Alors vous allez penser qu’on est maso après l’épreuve d’hier, mais pas tant que cela.

D’abord, Anouk me l’avait conseillé car ils y avaient été il y a quelques années et ils avaient trouvé cela vachement chouette, et aussi parce que ce n’est pas dans nos habitudes de rester sur un semi-échec. Et puis au pire,  on pourra s’inscrire pour un doctorat en comparatif de rescue center sud-africains ce qui sur un CV ne manque jamais de faire son petit effet.

Nous voici donc au HESC et on change d’ambiance. La nana à l’accueil est mimi tout plein et nous gratifie d’un « So cute » devant le regard d’ange de Noah câlinant son rhinocéros en peluche. Hier on aurait eu le droit à « So cute ! Dommage qu’on lui ait ensuite scié la corne vivant dans d’atroces souffrances avant de l’achever et de saupoudrer sa carcasse de poison pour emporter en même temps tous les vautours des environs dans la tombe».

Bref, bienvenue à Disneyland et je dois avouer que cela nous fait tous du bien. Le guide qu’on voit et son acolyte féminin qui s’avèrera notre guide nous affublent d’un « its a wonderfull world ». c’est simple, plus je les regarde plus je trouve qu’ils ressemblent à Tic et Tac.

A ce sujet, ils s’empressent de nous séparer en 2 groupes de 6 personnes au lieu du groupe de 30 de la veille. Nous, on part avec Tic  (c’est la fille avec sa petite voix fluette) pour notre « safari » en jeep.

Tout de suite elle s’excuse. Iy avait un car de 40 enfants apparemment ce matin ce qui a excité un peu les rhinocéros et malheureusement ils ont dû les mettre dans l’enclos et donc on ne pourra pas les voir en liberté.

La déception est de courte durée, car arrivés au fameux enclos, celui-ci est grand ouvert et les rhinos se sont barrés.

On les retrouvera d’ailleurs un peu plus loin. Il y a Esmée une jeune rhino de 6 ans qui a mon avis est celle que Anouk a vu bébé vu qu’elle est dans le parc depuis 5 ans. Elle aurait pu être relâchée cette année, mais ils ont récupéré un petit rhino entre temps et ils ont pensé que ça ferait du bien au bébé rhino d’être avec un congénère, donc ils l’a relâcheront l’année prochaine. Le petit rhino est affublé d’un compagnon mouton.

Le but du mouton est de le rassurer dans sa relation avec l’homme. Le mouton nous fait confiance, donc le rhino finira par mimétisme par nous faire confiance aussi. Apparemment ils ont récupéré le bébé rhino lové contre sa maman qui venait d’été tuée par des braconniers. Mais « its all right because its a wonderful world et depuis on s’en occupe et quand il les charge à pied on lui montre qu’on ne lui en veut pas. C’est l’autoflagellation coloniale rapportée au monde animal.

En tout cas, difficile de savoir si le rhino se prend pour un mouton ou si le mouton se prend pour un rhino mais en tout cas ils ne se quittent pas. On est dans la mignonnerie tout plein surtout quand Esmée vient se frotter à la voiture pour une papouille.  Bon, c’est elle aussi qui a mis en miette il n’y a pas 2 jours le rétroviseur de la jeep en se frottant de trop près mais « its still a wonderfull world parce qu’il nous reste un autre rétroviseur, donc tout va bien ».

L’autre jeep part devant nous et voilà nos Rhinos qui se mettent à trotter joyeusement derrière à leur poursuite. La barre de rire.

Toute la visite va être à l’avenant. Oui il y a des histoires tristes, mais  c’est toujours enrobé de choses positives ou amusantes.

Mon préféré, le Hornbill qu’on voit tout seul dans une immense volière qui, à peine arrivé va chercher au sol une plume, la prend dans son bec et se dirige vers nous comme pour nous l’offrir.

Il s’avère que j’aurai dû enlever le « comme si » car le Hornbill a bien pris la plume pour nous l’offrir. En effet chez cette espèce, le mâle apporte un cadeau à la femelle qu’il courtise. Si celle-ci est intéressée, elle prend le cadeau, va le déposer dans son nid et revient à son tour avec un cadeau, que le mâle accepte.

C’est d’ailleurs ce que ce mâle a fait la première fois qu’ils ont mis une femelle dans sa volière. Elle a accepté son cadeau, ils ont roucoulé un temps et un matin, ils ont retrouvé la femelle morte, tuée par le Hornbill.

Quelque temps plus tard, ils lui ont présenté une nouvelle femelle et bis repetita. Elle a accepté son cadeau (quel don juan ce Hornbill), mais on l’a retrouvée morte à nouveau quelque temps plus tard. Le Hornbill serait donc un tueur en série pathologique. Charmant.

D’après la guide, ils supposent que le Hornbill voulait des petits. La femelle n’ayant pas réussi à lui en donner il l’a zigouillée. Et comme la seconde ne lui en a pas donné non plus, il l’a zigouillé aussi.

Mais si 2 femelles n’ont pas réussi à lui donner des petits, c’est soit la malchance, soit que le problème vient du monsieur. Du coup, notre guide nous explique qu’ils ont depuis renoncé à lui présenter d’autres femelles pour arrêter le massacre. « Its a wonderfull world, mais faut pas exagérer non plus ! »

Noah demande alors à la guide si on ne pourrait pas lui prendre sa plume parce qu’il a l’air malheureux à proposer un cadeau chaque jour qu’on ne lui accepte pas. Que nenni. Si elle accepte le cadeau, alors il s’imprègne de celle qui a reçu le cadeau (en l’occurrence la guide) et comme elle va devoir le quitter, il est possible qu’il en meure littéralement de tristesse. Quand on pense qu’en captivité il peut vivre encore 15 ans et qu’ils ne veulent pas le relâcher car il a toujours été élevé en captivité et se précipiterait probablement vers un humain pour lui offrir un cadeau si on le laissait sortir… Cette histoire aurait bien pu inspirer une histoire impossible impliquant des dieux grecs, non ?

Il est 13h et on n’a pas vu le temps passer. Noah s’est effondré de fatigue 20 minutes pendant le tour au moment où on voyait les lycaons (en même temps 7h de sommeil par jour depuis 5 jours…) et on est de retour à l’accueil. Dans la boutique il nous fait un sketch pour avoir un deuxième rhino en peluche (et nous cédons, ou dois-je avouer je finis par céder).

On décide de grignoter sur place parce qu’on est au milieu de nulle part et sur la route pour faire un tour en bâteau dans une heure sur le Blyde river Canyon. Nous voici seuls dans le rescue center puisque tout le monde est parti après la visite et qu’il n’y en a pas d’autre de la journée.

On quitte ensuite le paysage sec de la savane pour celui beaucoup plus dense et vert des montagnes. Le blyde river Canyon est long de 26km et constituerait le 2nd plus grand canyon au monde derrière le Grand Canyon.

En amont ils ont érigé un barrage hydroélectrique qu’on aperçoit en arrivant au point de rdv. La rivière coule 70 mètres plus bas, c’est impressionnant. On va donc faire un tour en canyon sur le lac artificiel de 240 hectares et 80 mètres de profondeur qu’a constitué ce barrage. Sur le bateau, plein d’enfants, presque tous français. Noah a des copains, il est ravi.

On va faire 2 heures de croisière et cela s’avère plutôt sympa. D’abord parce que le lac entoure les Three Rondavels qui sont les montagnes emblématiques du coin et qui culminent à 1 500 mètres d’altitude, ensuite parce que ce sera l’occasion de voir des crocodiles, un groupe de rhino sur la berge, et de nombreux oiseaux. Et puis cela nous fait un « temps calme » car Noah aime toujours autant d observer le clapotis des vagues formées par le bateau, puis aller discuter avec des nouveaux copains.

Vers 17h, la séparation avec un garçon de 8 ans va s’avérer d’ailleurs plus longue que prévue. Il voyage seul avec sa maman qui a vécu à Madagascar, Mayotte, puis la Réunion, et qui va s’installer le mois prochain en Tanzanie en tant que prof pour des lycéens. Noah qui a découvert le jeu Minecraft avec les 2 filles à Imagine Africa, donne rdv à son nouveau copain sur Minecraft.

Comme il est rusé et que Virginie ne veut absolument pas qu’il joue à ce jeu, après avoir vanté le coté éducatif de Minecraft pour faire des constructions (Virginie se plait à imaginer Noah en architecte plus grand), puis lui avoir dit qu’il y avait un mode ou on ne tuait personne et où il n‘y avait plus de monstres, il joue désormais sur la corde sensible de la correspondance avec un enfant qui vit loin (Virginie a été touchée par l’histoire de la maman vivant seule et faisant voyager son fils).

On pourrait croire que cela a marché tant Noah s’est donné du mal, mais malheureusement – pour lui – ce soir sera la nuit du changement de code de l’Ipad pour le désintoxiquer. Il était temps. Après les larmes habituelles, le temps de la réflexion. Noah proposera de passer le dîner à jouer au rami, et c’est très bien comme cela.

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