Oui je suis parti sur des titres dignes de Ici Paris ou France Dimanche pour attirer le chaland, car maintenant que vous savez qu’on risque de rester un certain temps au ranch, j’avais peur de perdre de l’audience en ce 19 mars.

Pour faire leurs courses, Garry et Ming vont à la ville d’à côté. Pas Cortez en l’occurrence, mais celle juste après, Durango, à 1h15 de route du ranch. Ah oui, quand même… 

Le 17 mars, on avait fait des courses à Cortez et rempli un caddie entier, mais sans trop savoir si c’était pour 2 jours ou pour 10. Là, on est de plus en plus convaincus qu’on va y rester un certain temps et que le confinement ne va pas tarder ici non plus. Une première bonne raison de les accompagner pour complètera les stocks.

La veille, on a eu une conversation assez poussée avec nos hôtes sur le coronavirus – les risques d’être en collectivité avec notamment l’autre couple de Denver qui était à la Wagstaff Cabin avant nous – et on a découvert que Garry et Ming sont en fait très soucieux de leur santé, bien-être, mais à un point qu’on n’avait pas imaginé.

Ainsi, ils nous font visiter leur “mini laboratoire” dans lequel ils fabriquent leur propre ozone et la machine qu’ils utilisent ensuite dans chaque maison au départ de leurs invités qui sert à saturer l’air d’ozone pour tuer virus et bactéries. Ah oui, quand même !

C’est donc à la fois un point rassurant dans notre situation de pandémie mondiale, et en même temps on a du mal à comprendre l’apparent laxisme sur les acceptations d’invités de zones “à risques” ou de gens comme Yussef qui travaille et dort dans le ranch et qui traite, lui, ouvertement, le sujet du coronavirus comme une simple grippe.

On a donc continué à discuté du sujet et compris qu’ils se renseignaient aussi beaucoup sur tous les compléments alimentaires à prendre pour être le mieux préparé possible à une éventuelle contamination. 

Ici, un article d’un professeur allemand qui suggère de prendre des médicaments pour booster chez les adultes leurs enzymes et qui pourrait expliquer pourquoi les enfants (qui en sont bourrés) se débarrassent du virus de manière relativement rapide et indolore là où l’adulte galère. 

Là, de la vitamine C hyper concentrée pour booster ses défenses immunitaires, des doses de Mélatonine, etc… 

Aussi, lorsque Garry nous propose de nous emmener à Durango pour se ravitailler en “healthy products from the farm”et en “compléments alimentaires pour combattre le virus”, on se dit banco pour suivre le guide.

Pour aller à Durango, on met certes 1h15, mais on monte aussi à mi-chemin à près de 3 000 mètres d’altitude. On se retrouve ainsi d’un coup dans des paysages enneigés qu’on n’aurait pas soupçonnés. D’ailleurs le temps s’est globalement refroidi car on repasse devant l’entrée du parc du Mesa Verde et aujourd’hui il y a de la neige ce qui n’était absolument pas le cas il y a 5 jours quand on était venu. On se croirait en Islande.

Arrivés à Durango, qui est en effet une ville beaucoup plus significative que Cortez, Garry nous emmène dans une zone déserte où on voit une clinique pour animaux. Il s’arrête devant, mais se dirige vers une petite porte sur le batiment d’à côté. Un cabinet de dentiste. Il vient à la portière en me disant que c’est fermé. Passe un coup de fil, s’apprête à repartir, puis se gare à nouveau au même endroit et me fait signe de le suivre. 

En y allant, je crois que j’ai pigé, et en effet en entrant je ne me suis pas trompé. Le gars qui nous ouvre est le dentiste, John, qu’on a rencontré au ranch le jour de notre « Premier Départ » Il y a quelques jours. C’est donc chez lui qu’il s’approvisionne en médocs “exotiques”. Pendant qu’il vont discuter ensemble, je reste dans le hall. Le dentiste, est un expert en ozone. C’est donc lui qui a dû le brancher là-dessus et lui fournir le matos de son mini labo. Il parait qu’on peut en boire d’ailleurs (de l’eau avec de l’ozone) et en respirer avec l’inhalateur qu’il vient de lui donner. 

Je regarde autour de moi. Diplôme de meilleur dentiste de la ville, expert en ozone et cette affiche incroyable de Robert Doisneau de 1956 intitulé “la dent”. Je regarde machinalement en bas de l’affiche. “Editions du désastre”. La coïncidence incroyable. Alors que le monde tombe en lambeaux quelle est la probabIlité que je me retrouve à regarder au fin fond du Colorado une affiche Française tirée des “Editions du désastre” chez un dentiste – Dr Rothschild – qui porte le nom du plus grand financier de tous les temps. Le petit gars là-haut, s’il existe, ne manque d’ailleurs pas d’humour car alors que j’écris ce billet, Virginie vient de recevoir sur son portable – français pourtant- une annonce “push” de confinement obligatoire émanant du gouvernement du Colorado effectif à partir de demain matin jusqu’au 11 avril.

Garry revient avec le dentiste et plein de flacons. Comme il y a rupture de stock sur les enzymes, il me propose de me vendre l’un des 3 flacons qu’il vient de récupérer. Sympa. J’accepte. Et Il me préconise aussi de la menthe poivrée (ca c’est plus classique) pour dégager les bronches. A sniffer dans chaque narine. Normal on est au Colorado, temple de la légalisation de drogue.

On ressort 15 minutes plus tard avec les précieux flacons, direction cette fois le marché / coopérative de produits frais. On rentre dans le dur. Désinfection des caddies, puis on met tous des gants jetables (Noah compris) mis à disposition par le magasin. S’ensuit 1h40 de courses et quelques rajouts bien sympathiques de Garry qui connaît tout le monde ici (je pense qu’il leur vend sa viande). On rencontre ainsi le boulanger qui nous fait prendre notre première baguette depuis 2 mois – qui s’avèrera délicieuse -, un bon poulet fermier, des boissons théifiées, etc…

Le coffre à nouveau plein de bouffe pour la seconde fois en 3 jours, on reprend la route. Garry veut nous faire visiter Durango ( ce qui est un peu antinomique avec la prudence affichée des dernières heures), mais tout est déjà presque fermé. Devant le musée du train à ciel ouvert, Noah nous fait un cake pour aller voir les wagons. On laisse Garry rentrer au ranch tandis qu’on tente une timide incursion dans le musée. Mais il est fermé et on n’a plus vraiment le cœur à visiter la ville avec ce stress grandissant autour du virus. 

On rentre tranquillement au ranch. Il est presque 17h. La neige s’est arrêtée et le ciel se dégage progressivement.

Entre les petites habitudes du matin (petit déjeuner, mathématiques, jeux avec Noah) et les courses (2h30 de voiture juste pour y aller en voiture et revenir), on n’a pas vu passer notre deuxième « première journée «  au ranch. 

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