Bon, à ma connaissance, il n’y a pas de route des jardins à la Réunion, mais comme il y en a virtuellement une dans chaque pays du monde qu’on a fait, pourquoi ne pas en créer une à la Réunion ? Et comme on a prévu d’en faire deux aujourd’hui, le tracé est tout trouvé.

Direction le Labyrinth en champs thé ce matin, puis le jardin des parfums et des épices dans l’après-midi. Le plus dur va être de faire passer la pilule à Noah car il risque d’y avoir 2 visites guidées – sinon tout ce que tu vois, ce sont des plantes qui se ressemblent – et ça, ça le gonfle souvent assez vite. Pour le premier, si le « Labyrinthe » existe vraiment, ca ne devrait pas poser de problème. Pas encore trouvé l’idée pour lui vendre le second jardin, mais chaque chose en son temps.

Pour rejoindre le labyrinth’ en champs thé, une exploitation de thé à Grand coude, on est techniquement à moins de 5 km à vol d’oiseaux de la cascade de Langevin d’hier. Alors pourquoi on n’a pas fait les deux en même temps me direz-vous ? Et bien parce qu’ils sont à 1H de route l’un de l’autre.

Et oui, petite spécificité du jour quand on regarde notre carte, c’est qu’on va faire une nouvelle incursion perpendiculaire à la côte de près de 40 minutes de voiture, qui va être parallèle à celle d’hier pour Langevin, mais qui est sur un autre versant. Et comble de l’ironie, on fera de même une dernière fois demain matin avec une nouvelle perpendiculaire à la côte pour notre matinée quad. En gros en 3 jours, on aura tracé sur la carte une jolie fourchette.

On commence à prendre nos habitudes. Arrêt à la boulangerie « Nid d’abeille » pour le petit déjeuner, puis route vers la plantation de thé, située à une petite heure de route de chez nous. La route pour y accéder est très belle. En lacets sur toute la longueur avec une forte côte ce qui n’a somme toute rien d’étonnant car arrivés à Grand coude (qui tient son nom de la forme en coude de ce plateau), on aura grimpé mine de rien à  1 150 mètres d’altitude.

La visite est du même acabit que celle de la vanilleraie, mais sans la perspective pour Noah de gouter quelque chose qui lui plait à la fin. Le théier est en fait un arbre qui monte à une bonne dizaine de mètre de haut s’il n’est pas taillé. Bon point pour le côté labyrinthique de la visite puisqu’on sera donc dans notre premier labyrinthe d’arbres.

La visite se fait d’ailleurs dans le labyrinthe, mais Noah doit ronger son frein car pour l’instant on s‘arrête tous les 3 mètres pour en apprendre plus sur le thé ce qui rend Noah dingue.

Je ne vous assommerai pas ici sur l’abcédaire du thé, mais relevons juste 2-3 anecdotes et un commentaire personnel que je me suis bien gardé de livrer au guide vu le niveau de militantisme dont il a fait preuve durant ses explications – très intéressantes au demeurant.

Tout d’abord la culture du thé à la Réunion a commencé tardivement, en 1955. Elle a été arrêtée par décret – un peu comme elle avait commencé – 9 ans plus tard. Une fois qu’on sait qu’il faut 4 ans pour avoir la première récolte et qu’ils ont attendu la première pour voir si ça marchait à la Réunion, j’ai envie de dire, tout ça pour ça. Les raisons de l’arrêt ne sont pas très claires, mais en gros c’est le coût de la main d’œuvre. Du coup l’état a décrété la fin du thé et a promu à la place le géranium… pendant 10 ans, avant de revenir au thé, et de l’abandonner ensuite à nouveau. On frise dangereusement avec la planification bolchévique, messieurs les fonctionnaires. A l’heure ou le Mélanchonisme est de retour, ça promet.

Mais là n’est pas le commentaire que j’ai gardé pour moi. Cela concerne les différences entre les qualités de thé (en gros plus tu te limites à couper les jeunes feuilles et uniquement celles-ci, plus tu as du thé de qualité car la théine est dedans. Mais du coup faut le faire à la main et tu passes d’une cueillette de 20 kilos par jour par personne quand tu y vas comme un cochon à une cueillette ciblée de seulement 3 – 4 kilos.  Evidemment, nos amis ici présents sont plutôt sur de la cueillette manuelle ce qui est tout à leur honneur.

Mais ma remarque est : à quoi bon essayer de faire un thé de qualité pour après le ruiner allègrement parce que personne ne sait préparer le thé. En France, on en met trop par tasse par exemple car chez nous on le consomme en mug. Du coup on fait tremper un sachet ou une boule à thé avec une dose équivalente à celle correspondant à un demi-litre d’eau dans un contenant de 30 centilitres. Impossible de laisser infuser 5 – 6 minutes comme cela devrait être le cas sinon ce serait imbuvable. Bref, mon avis, c’est qu’on sélectionne un thé de qualité pour à la fin le massacrer.

Cette petite réflexion mise à part, la visite se termine hors du Labyrinthe sur une dégustation de thé et Noah voit pointer avec horreur le risque de fin de visite sans la moindre partie de chat dans le labyrinthe, qui, soyons honnête, était sa seule raison de supporter tout cela depuis une heure ! Alors que les visiteurs prennent le chemin de la sortie, je demande au guide, si on a le droit d’y retourner sans lui.

Banco, la matinée est sauvée ! Virginie part en boutique pendant qu’on s’enfonce avec Noah dans le Labyrinthe. Il ne tarde pas à me paumer, mais alors me paumer de chez paumer tant est si bien qu’on fini par se retrouver uniquement grâce à la voix en s’appelant mutuellement. 25 minutes plus tard à courir dans tous les sens, Virginie nous rejoint.

Bien sûr, impossible de ne pas remettre le couvert. Noah et Virginie partant devant, moi étant le chat. Heureusement j’ai mis la main sur Virginie quelques minutes après tandis que Noah m’échappait. A partir de là, j’ai bien fait comprendre à Virginie qu’il fallait qu’on reste ensemble sinon on y passerait la journée. On a mis près de 20 minutes de plus à retrouver Noah et encore, parce qu’il nous narguait en chantant à tue-tête à l’une des sorties.

Et voilà comment on quitte notre labyrinthe en champs thé vers midi ! 35 minutes à redescendre vers la côte en empruntant les mêmes lacets qu’à l’aller, puis une vingtaine de minutes de plus pour retourner manger à la Mer Cassée car en plus d’y manger bien dans un cadre sublime, on se retrouve à 4 minutes seulement du jardin des parfums et des épices. Devenus clients VIP, on a eu la table juste au pied de la falaise. La classe !

Dire que Noah était ravi d’aller au jardin des épices est un peu exagéré, mais il a entendu avec une certaine sagesse l’argument que cela faisait plaisir à Virginie, et qu’on prend aussi plaisir à faire plaisir. Ceci a permis de faire passer le deuxième effet kiss cool, à savoir que le jardin s’accompagnerait d’une visite (bon là il a levé les yeux au ciel), et qu’elle durerait 1h30 (le coup de grâce).

Alors certes on aurait pu faire la visite tout seul, mais j’avais lu et relu les avis dans tous les sens et tous s’accordaient à dire que le jardin sans la visite n’avait aucun intérêt (ce qui a posteriori était vrai). Bon on est un peu nombreux au départ, mais c’est largement compensé par le guide – qui est le fils des propriétaires – en mode chauffeur de salle tout en restant dans le bon ton.

Noah avait pris son carnet à dessin pour croquer les plantes et a participé à toutes les dégustations. Après, chose assez rare, je serai bien incapable de raconter ce qu’il nous a dit. J’ai envie de dire, la faute à la digestion ou le fait que le nom de la plante venait avant l’anecdote et du coup je n’ai jamais réussi à rattacher un nom de plante à ce qu’il racontait.

Pour récompenser Noah de sa patience, Virginie lui offre à la boutique un livre sur les plantes et les oiseaux de la Réunion. En s’arrêtant au puits des Anglais pour voir les énormes vagues se casser sur les rochers sur une piscine naturelle, Noah commencera à cocher les plantes et oiseaux qu’il voie avec l’application et la maniaquerie dont il est capable dès lors qu’il s’agit de compter ou recenser des choses.

On terminera notre journée comme chaque soir depuis qu’on est à Saint Pierre avec une balade de 20 minutes le long du port / plage pour aller cherche à manger.

Exaspérée par le picorage de Noah dans les restaurants, on décide de faire à emporter. Ce sera tartares de poissons pour nous récupéré au Bellem tandis que Virginie se mettra pour la première fois en cuisine pour lui faire un plat de pâtes.

Bonne pioche car à l’instant précis où l’on se pose sur notre terrasse à la maison, une pluie venue de nulle part s’abat sur Saint Pierre.

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