Vous l’aurez compris, notre destination du jour n’est pas encore officiellement rebaptisée “l’île de Noah” par les autorités brésiliennes, mais nous restons confiants sur le fait que cela ne devrait pas tarder. Vu le succès qu’il a eu la-bas (j’écris ce billet sur le vol du retour, ce qui m’autorise quelques incartades temporelles), nul doute qu’une pétition est partie pour pouvoir renommer l’île Fernando de Noronha, en l’île de Noah.

Demain c’est en effet l’anniversaire de Noah. Il est tout excité à l’idée de fêter ses 4 ans. Lorsqu’on lui a dit qu’on allait fêter son anniversaire sur l’île de Fernando de Noronha, lui, il a compris l’île de Noah et en a conclu, avec ses petits tremblements caractéristiques, ses yeux vers le ciel et sa voix forte, que c’était “incroyable de fêter son anniversaire sur l’île de Noah, parce que justement il s’appelle NOAH”. Du coup, on n’a pas eu le cœur de le contredire et depuis, on va donc sur l’île de Noah. 

Depuis hier d’ailleurs, il nous récite en boucle comment son anniversaire doit se passer. Un gâteau, une table décorée, des cadeaux, des copains, des surprises. Ses attentes sont immenses, la pression est donc sur nous pour réaliser son plus beau des anniversaires parce que encombrements de sacs oblige, on ne s’est pas trimballé depuis 1 mois des éléments spécifiques pour son anniversaire. Et comme on est en buggy dans la pamp depuis 1 semaine… Bon, déjà on a le lieu, c’est pas mal.

Nous décollons donc ce matin de Natal pour l’île de Fernando de Noronha, le petit paradis préservé du Brésil, à 350km de la côte Brésilienne et aussi le point le plus à l’est du continent américain. Difficile de rêver d’un plus bel endroit pour terminer notre périple brésilien.

Fernando de Noronha, est réellement au sens propre, un véritable écrin au Brésil. Moins de 300 touristes par jour via un maximum de 1 à 2 avions quotidiens et virtuellement aucun autre moyen d’y accéder à moins de vouloir se lancer dans une traversée de 3 jours en bateau. Déjà on ne va pas se marcher sur les pieds.

En arrivant, une taxe écologique assez dissuasive pour entrer sur l’île, calculée par personne en fonction du nombre de jours que vous passez sur place et qui au-delà d’une semaine croît quotidiennement de manière exponentielle pour décourager ceux qui auraient l’idée de vouloir s’éterniser. Et enfin, un autre droit d’entrée pour rentrer dans le parc national (qui couvre les 2/3 de l’île). 

Niveau logement sur place, aucun hôtel de luxe ou de grande capacité, mais des petites Pousada, dans leurs jus, et phénomène rare sur une île, toutes situées au centre et au nord de l’île, loin de la mer, pour préserver les côtes. Pas fréquent pour une ile paradisiaque vous en conviendrez.

Tous les ingrédients sont donc réunis pour refouler les boulets et faire de ce lieu un endroit respectueux de la nature et accueillant des touristes juste heureux d’avoir la chance d’être là.

Mais rejoindre Noronha, cela se mérite. On a beau être seulement à 350km à vol d’oiseau de Natal, le seul vol qui y va part lui, de Recife. On part donc à 9h de l’hôtel pour faire un Natal – Recife puis, un Recife – Noronha.

Rajoutez le temps de l’escale et 1h de décalage horaire par rapport à la côte, et il faut attendre 15h30 pour survoler enfin l’île. Heureusement, Noah est désormais comme un poisson dans l’eau dans les aéroports. Il repère les portes et les sigles pour récupérer les bagages. Suivez le guide.

Aujourd’hui, malgré l’excitation de son anniversaire qui approche, il se gère pas trop mal et accepte de faire un petit somme sur le second vol si on promet de le réveiller avant l’arrivée pour voir l’île du ciel.

Et il a raison car vu du ciel l’approche sur l’île vaut le détour. Une côte escarpée parfaitement dessinée, des pics rocheux qui sortent de l’eau d’ici de là. Sur l’île elle-même, une végétation luxuriante, des plages désertes, des criques, un piton rocheux de plus de plus de 300m de haut d’une forme étonnante où l’on se demande d’ailleurs bien comment il tient en équilibre.

En fait Noronha, ce n’est pas une île paradisiaque, c’est une de ses îles que l’on ne voit que dans les films, se situant au croisement de Pirates des Caraïbes Et du film La Plage.

Après avoir fait tout le tour de l’île en avion pour le plus grand bonheur des passagers, on se pose sur la petite piste en plein cœur de l’ile.

Une fois les taxes acquittées et les sacs récupérés, direction la pousada Solar dos Ventos qui sera notre havre de paix pour les 4 prochains jours. Cette Pousada cumule deux avantages : être l’une des deux seules de l’île à avoir une vue sur l’océan, et être à 5 minutes à pied de la praia suerte d’où tu peux aller voir les tortues de mer. Jugez plutôt.

Première surprise pour Noah, même si ce n’est pas encore officiellement son anniversaire, on a loué un buggy pour se déplacer sur l’île. Noah qui était bien triste d’avoir quitté son buggy après 4 jours à crapahuter dans les dunes est aux anges et se demande déjà de quelle couleur sera son buggy et qui sera le chauffeur. Le buggy sera blanc. Mais plus original, le chauffeur sera papa et maman !

On se fait expliquer un peu le fonctionnement de l’île en arrivant, alors on vous raconte aussi comme ça si un jour vous venez vous saurez. 

Une seule route de 7km qui traverse l’île du nord au sud. Le parc national couvre tout le sud, une partie des plages de l’ouest et toutes les plages de l’est. Dans le parc, on peut circuler en buggy, mais jusqu’à un certain point. Le reste se fait forcément à pied.

Pas d’infrastructure ou de restau dans la plupart des plages. Il faut être auto suffisant en eau et nourriture et avoir son précieux sésame sur soi : la carte d’acquittement de la taxe du parc national.

Toujours avoir un œil sur sa montre et la carte de l’île. Les plages ferment, et pas forcément aux mêmes heures. 16H pour Suerte, 18h pour les autres. Certaines ne sont accessibles qu’à marée basse, d’autres uniquement avec des guides.

Au centre, au nord et à l’ouest, on retrouve la partie « civilisée ». Le village, les pousada, les restaus et les quelques plages en accès libre. C’est aussi le spot idéal pour admirer les couchers de soleil. 

Pour se déplacer, le buggy est roi. Mais visiblement le notre présente quelques spécificités que la loueuse se sent obligée de nous expliquer (enfin en portugais traduit par la réceptionniste quand le langage des signes atteint ses limites). Alors, lorsqu’on prend enfin possession de notre buggy à 17h ça donne à peu près ça. 

La nana : “Alors le levier de vitesse est là, la marche arrière, c’est comme ça. Pour l’essence, dans la boîte à gants il y aune clé. Avec tu ouvres le capot et le réservoir d’essence est dessous. Pour les feux avant, tu tires là, sur le premier bouton. Les feux plus importants, le second bouton. Ok ?”
Virginie : “Euh le feu avant gauche ne marche pas”
La nana : “Mais si regarde” (elle tire sur l’autre bouton)
Virginie : “Ok mais là le feu droit ne marche pas”
La nana : “C’est normal. Le feu gauche c’est les codes, le feu droit c’est les phares”.
Virginie : “Ah ouai donc on ne peut jamais voir bien des 2 côtés en même temps”.
La nana : ”Ouai c’est ça”.
Virginie : ” Le siège bébé de Noah ? ”
La Nana : ” Y en a pas ”
Virginie : ”Pardon d’avoir demandé”

Après cet échange féminin des plus vifs, j’opt pour une répartition consensuelle des rôles. Virginie va prendre le volant, je tiens Noah et lui donne les directions.

Virginie fait contre mauvaise fortune bon coeur et teste la bête, qui rugit dès la première. Pas de direction assistée donc elle rame un peu, mais elle a l’habitude après avoir conduit pendant 20ans sa 205 champion. Pour les freins en revanche tu oublies, ca freine pas, là aussi dans l’indifférence totale de la nana 

Avec Noah, on s’est sanglés comme on pouvait à l’arrière. Pas d’inquiétude maman est comme Charlie Babbitt Dans Rainman, un excellent conducteur. “En route maman !” 

Noah est captivé par la route. Ici, comme il aimera à le répéter tout au long du séjour “c’est le paradis des buggys”. Et donc Chaque fois qu’il en voit un il nous le dit (et il y en a beaucoup). ca donne du coup “La c’est un buggy rose, La c’est un buggy bleu, là c’est un PICKUP ”, puis quand ca accélère ou qu’on passe devant un parking à buggy : “ buggy buggy buggy”. A mon avis, la nuit à Fernando de Noronha, pour s’endormir il devait compter les buggys à la place des moutons.

Pour le programme de cette fin de journée, on pare au plus pressé. D’abord aller au centre de recherche des tortues où l’on peut acheter le sésame pour accéder au parc national et se renseigner sur les éventuelles excursions possibles. Sur ce dernier point on rentre brocouille. Il y a des quotas partout, donc par exemple pour accéder, même sans guide, à la plage Alatalaia, tu es obligé de t’inscrire. 40 personnes max par jour. On ne pourra pas le faire, tout est complet. Idem pour la plupart des randos même si dans les faits on n’en aurait pas fait ici. Elle durent 4-5 heures pour la plupart, sans ombre, avec interdiction de mettre de la crème solaire ou un anti-moustique pour ne pas polluer l’environnement. C’est super pour la nature, mais pas très raisonnable avec notre petit bonhomme dans cette chaleur étouffante.

Si vous voulez réserver ici, c’est subtil car tout se fait forcément sur place (tu dois le faire avec ton sésame parc national à une borne) donc premier arrivé, premier servi et avec un avion quotidien, tu as tout intérêt à commencer par là en arrivant sur l’ile en croisant les doigts pour que ceux de la veille n’aient pas déjà booké ce que tu voulais.

En revanche on apprend que demain à 14H30 sur la praia Sueste, on a une chance de voir une tortue de mer ramenée sur la terre ferme. En effet, 1 fois par semaine les chercheurs vont baguer des nouvelles tortues quand ils en trouvent. Ils doivent les baguer sur la plage avant de les remettre à l’eau. Souvent ce sont des petites tortues mais parfois ce sont des grandes. Ok c’est noté. Rendez-vous pris.

Ensuite, direction la station service. Car ici, le buggy est livré sans essence. On roule sur la réserve depuis la prise du buggy. On va donc rajouter quelques litres puisque le principe c’est toi aussi de rendre le buggy avec un réservoir quasi vide. Soit c’est un sport national de le faire, soit ils siphonnent l’essence en trop entre 2 locations. Vu la loueuse, rien n’est impossible.

Une fois les indispensables faits, on se dirige vers la plage Conceicao à l’ouest qui jouxte le pic rocheux de l’île. Pour cela, il faut passer via un chemin de terre totalement défoncé (d’où la nécessité de se déplacer en buggy), Virginie pestant régulièrement sur les freins et Noah racontant à qui veut l’entendre tout le long du séjour qu’on a un buggy blanc mais qu’en descente il faut pas aller vite car on n’a pas de frein. 

Arrivés miraculeusement juste avant la nuit – et oui on est près de l’équateur donc à 18h c’est extinction des feux – on admire le coucher de soleil pendant que Noah profite de la plage en traçant d’énormes routes dans le sable. 

Je profite de ce merveilleux coucher de soleil, apogée du romantisme à deux, pour ouvrir une parenthèse de circonstance.

Après que Virginie ait spontanément lancer le sujet ce qui me dédouane de toute réflexion misogyne on peut dire qu’on se réconcilie enfin ici, à 4 jours de la fin de notre séjour au Brésil, avec l’image des brésiliennes. Certes, jusqu’à maintenant elles sont globalement en string sur la plage, mais il n’y a rien à se mettre sous la dent. Virginie vantera le côté décomplexé de toutes ces filles plus ou moins en chair qui se baladent les fesses à l’air, moi j’avoue ne pas avoir vu la beauté de la revendication sociale et m’être juste arrêté au gigot mal ficelé d’un rayon boucherie de super U.

Alors quand Virginie s’exclame « Ah enfin un joli petit cul », certes je l’ai repéré 1 bon km avant (l’instinct de chasseur ancestral gravé dans nos gènes), mais c’est vrai qu’à partir de là, c’est le coup d’envoi d’une vague de jolis petits culs, certes pour la plupart refaits j’en mettrais ma main à couper, mais jolis petits culs quand même. Je ferme la parenthèse.

Ha ha, quand je pense que vous avez imaginez qu’on mettrait des photos. Non désolé, celles-la on les garde pour nous, mais on vous laisse profiter des couchers de soleil.

Après ce moment passé à admirer les couleurs du soleil se reflétant sur la plage déserte, on tente notre chance pour le restau Merghulo. Cadre magnifique, juste ce qu’il faut d’animation et de bienveillance du staff pour notre “petit prince”.

J’utilise cette image à dessein car avec le foulard que Virginie lui a mis, 3 personnes nous ont déjà fait la remarque en disant qu’il ressemble au petit Prince de Saint Exupéry. Même Le chauffeur Janilson en a parlé dans ces termes à Yannick (organisateur de notre trip en buggy) et qui nous a demandé une photo de Noah pour voir “Le Petit Prince”.

Du coup, comme souvent on doit bien le reconnaître, Noah devient rapidement la coqueluche de toutes les serveuses, est présenté à l’équipe en cuisine, et lorsqu’ils apprennent que demain c’est son anniversaire, il acquiert le statut de demi-dieu et ils viennent tous lui souhaiter en chantant ses « bientôt 4 ans » avec une glace. Noah est aux anges. Il souffle sa première bougie.

La pression monte sur les parents. Demain is the « big day ».

%d blogueurs aiment cette page :