Et si pour une fois on prenait notre temps ? L’endroit est tellement « peacefull ».
Après un bon petit déjeuner, on s’oriente vers l’observation des activités de la ferme et notamment l’élevage de Borders Collie dont le propriétaire a apparemment reçu de nombreux prix de dressage de chiens de troupeaux.
Depuis que Noah a appris cela, il n’a qu’une seule idée en tête, partir à leur recherche. Il va finir par les trouver dans une plaine avoisinante, mais à peine a-t-on commencé à faire connaissance avec ces boules de poils, un rapide coup de sifflet de leur maître les rappelle.
Noah ne s’avoue pas vaincu et les suit jusqu’au logement du propriétaire où il commence à entamer en français une conversation avec le propriétaire de la ferme. Pour être plus précis, il semblerait plutôt que ce soit un monologue car Noah apparait aussi à l’aise que le propriétaire est timide. Il faut dire que Noah sait occuper l’espace, donc pour des personnes un peu plus réservé, vivant au fin fond de l’Islande, je comprends qu’il faille un petit temps d’adaptation devant ce moulin à parole qui virevolte autour de lui.
Le résultat c’est qu’il ne parle presque pas à Noah et part vaquer à ses occupations pendant que Noah continue de lui parler et de lui tourner autour. Il va ainsi retraverser la plaine, passer devant nous en nous faisant un petit sourire, puis se diriger vers l’étable.
Il enferme alors 3 des 4 chiens, et part avec le plus jeune dans un pré où il y a des moutons. Noah évidemment ne lui demande pas son avis et s’invite dans le pré juste avant qu’il n’ait l’opportunité de refermer la grille comme cela était clairement son intention. Du coup, il n’ose pas chasser Noah et le laisse le suivre.
S’en suit une longue séance de dressage. Le border Collie est un chien de troupeau. Son maître lui apprend à regrouper les moutons et les lui amener. Pour y arriver, le border collie doit ainsi faire quelque chose d’assez contre-intuitif pour lui, à savoir courir dans un arc de cercle suffisamment loin des moutons pour ne pas les effrayer puis se positionner derrière eux de manière à ce que les moutons se retrouvent entre le chien et le maître. Puis le chien coure vers les moutons et lui ramène le troupeau. En fait, tout le monde est parfaitement discipliné et fait ce qu’on attend de lui… à l’exception de Noah qui au début se retrouve nez à nez avec les moutons qui lui foncent dessus, puis avec Noah qui va tourner autour du maître et perturber la séance.
Après 15 minutes, le maître revient avec son chien, Noah toujours accroché à ses basques. Ili enferme le premier chien, et en sort un second, pour voir Noah à nouveau se réinviter à la séance de dressage. A un moment je pense qu’il s’est dit qu’il l’aurait sur le dos toute la matinée, mais on convainc Noah petit à petit de le laisser travailler et Noah quitte un peu à regret la séance de dressage.
De retour dans notre chambre, Noah sort sa pelote de laine que lui a offert Virginie suite à la séance de tricotage d’il y a quelques jours de l’Islandaise au restau, et il se met dans le Hall qui dessert toutes les chambres et commence à tisser des fils de laine sur le sol puis à de nombreux objets de déco du hall dans un savant enchevêtrement où tu sens que si tu te prends les pieds dedans, tout va partir avec. En même temps on ne va pas se plaindre, car cela nous donne aussi l’occasion de souffler.
Virginie nous prépare une petite salade de pâtes de luxe pour tout à l’heure (Noah ne mange jamais de sandwich donc il faut « cuisinier », et vers 12h30 on lève enfin les voiles, direction Raudanes Point à 40 minutes de route. Bon comme cela, 40 minutes ca a l’air beaucoup mais en Islande, c’est un peu comme aller chercher le pain. Même Noah qui n’arrête pas de nous demander si c’est loin chaque fois qu’on va quelque part fini par dire que 40 minutes, c’est vrai que ce n’est pas beaucoup. Comme quoi tout est relatif.
Raudanes Point. 7 km de rando en boucle à longer les falaises et observer des formations rocheuses volcaniques, et notamment de nombreuses arches au-dessus de la mer. C’est un peu la Great Ocean road Australienne, mais avec 20 degrés de moins.
A notre arrivée, il y a un panneau qui ne dénombre pas moins de 16 arches, chacune avec un nom. Super ça donne un objectif à Noah. J’abandonne assez vite l’idée de lui donner le nom des formations vu qu’ils sont en Islandais donc totalement imprononçables et impossibles à mémoriser.
Il fait beau mais il y a un peu de vent, donc contrairement aux 6 français qui arrivent peu après nous et qui s’empressent de déjeuner sur la table de pique-nique du parking, nous, on décide de partir avec le pique-nique et de se trouver plus tard un joli point de vue.
Faudra m’expliquer d’ailleurs ce truc qu’ont les gens dans des beaux endroits de décider de pique-niquer sur le parking qui est clairement l’endroit le plus moche du coin. Ok, c’est sûrement pratique, mais bon…
En tout cas, nous, on va découvrir nos premières arches, et à la faveur d’une petite dépression dans la falaise et de 2 rochers parfaitement dessinés pour le fessier de Virginie et Noah en plein milieu de jolies mousses vertes, on se fait notre pique-nique avec les pâtes maisons et les saucisses qu’a préparé Virginie.
On reprend ensuite notre route entre observation des oiseaux et des fameuses arches. Arrivés à la 8ème arche, le temps se refroidit un peu. D’ailleurs assez vite notre groupe de français fait demi-tour. Mais nous on continue. Virginie voit des formes d’éléphants à chaque nouvelle formation rocheuse. Avec Noah on finit par se moquer d’elle en faisant comme si nous aussi on en voyait plein, puis des rhinocéros, etc.
Ceci nous amène à la 14ème arche. La suite est moins intéressante car certes c’est une boucle, mais au lieu de suivre la falaise, maintenant qu’on est à la moitié de la rando environ, on va se mettre à longer une falaise pendant 30 minutes, puis recouper par l’intérieur qui est désertique.
D’ailleurs dès que c’est ennuyeux ça ne rate pas, Noah ne veut plus marcher et je le prends sur les épaules jusqu’à ce qu’on finisse par voir enfin notre voiture en vue avant d’être passé par un stade où on pensait s’être bien perdus.
Au final les 7km, c’était plutôt 9 km, et avec les nombreux arrêts, on se rend compte qu’on est quand même partis près de 3h.
La suite du programme du jour c’était Arctic Henge. J’en avais fait un lieu mystérieux à la fois pour Noah et pour Virginie. Enfin, surtout Noah qui avait clairement indiqué qu’il en avait plein les bottes et qu’il ne voulait pas marcher encore. Je lui avais dit qu’il allait aller au cercle polaire et dans son imaginaire, ça, c’était canon.
Vaut mieux, car Arctic Hendge, c’est à 40 minutes de route encore plus au nord, donc après on aura 1h20 pour rentrer à la maison, et comme il commence à faire froid…
Arctic Hendge, c’est quoi au juste ? Alors, c’est une œuvre issue du cerveau fécond des habitants du petit village d’à côté qui fut un temps un village de pèche avant que la mécanisation pousse les bateaux à se regrouper ailleurs et rende le lieu beaucoup moins attractif commercialement parlant.
Comme ils sont au point le plus au nord de l’Islande et presque au niveau du cercle polaire (techniquement le cercle polaire passe à 3km au large mais on ne va pas chipoter), ils ont eu l’idée de créer un endroit monumental en pierre un peu à la manière de Stonehenge, et dédié à la gloire des dieux nordiques. J’avais lu que ce lieu n’a pas encore été terminé, voir qu’il a été abandonné depuis en attente de nouveaux financements, mais qu’il y a des grands édifices en pierre déjà construits et, connaissant mon petit garçon, risquent de bien lui plaire.
On s’enfile donc les 40 minutes de route en écoutant pour la dixième fois en 3 jours un podcast sur les vampires, puis sur les sorcières que Noah adore et qui nous promet quelques nuits de cauchemars. A peine arrivés dans un parking aussi gigantesque qu’il est désert, Noah découvre au loin les grandes structures en pierre. Il est super excité et limite intenable, alors on le laisse foncer pour aller voir.
Au final, on va y rester au moins ¾ d’heure dans un froid quasi polaire quand la seule autre voiture qui nous rejoindra restera péniblement 30 secondes.
Alors question insoutenable, qu’avons-nous bien pu faire durant ses 45 minutes ? Les andouilles, bien sûr. Après l’endroit est hyper photogénique. On a vu par la suite des photos du lieu pris sous des aurores boréales au-dessus de la tête et clairement c’est mystique. Ce serait bien qu’ils aillent au terme du projet.
Ensuite, on a pu un peu expliquer à Noah l’histoire du cercle polaire. Mais surtout, Noah s’est littéralement pris pour le dieu Thor (et oui dans les podcasts on lui a aussi passé les histoires des dieux nordiques avec Thor, Odin et Loki). En faisant des bruits énormes et en marchant comme un titan, il s’est employé à finir la construction du lieu en transportant des pierres de plus en plus grandes d’un endroit à un autre et en les superposant pour en faire un nouveau pylone. Franchement, on s’est bidonné à le regarder.
Mais les meilleures choses ayant une fin, et comme il est passé 18h et que, cercle polaire oblige, on se gèle grave, on finit par réussir à le ramener à la voiture en lâchant la demi-promesse que s’il ne pleut pas dans 2 jours, on fera peut-être un détour d’une heure pour retourner finir la construction. Bon, c’est peu probable que cela arrive et on a un peu honte de promettre, mais ce n’est pas totalement impossible, donc pour l’instant, techniquement c’est un demi-mensonge, ou une demi-promesse selon le point de vue.
19h30 bien tassé nous voici enfin de retour à la ferme. Direction notre couple d’italien. Nous, avec une grande envie de bien manger, et Noah avec l’obsession d’aller le plus vite en cuisine. Manque de bol à notre arrivée il y a un couple d’islandais et la famille de blonds (les parents allemands et 2 enfants qui sont à l’exact opposé de Noah. Ils étaient là hier soir et au petit dej. On n’a jamais entendu le son de leur voix, ils ont mangé à table sans jamais se lever, limite les poings sur la table. Un peu chiants, mais le rêve quand même).
Mais là, catastrophe car tant qu’il y a du monde, aucune chance de pouvoir aller en cuisine. Noah enrage. J’essaye de le rassurer sur le fait que les Allemands sont au dessert et que les Islandais viennent de finir leur plat et qu’ils vont bientôt partir, sauf que tout le monde s’éternise. Pour passer le temps, il joue avec son puffin et ses voitures. Mais que c’est long l’apprentissage de la patience..
Les Allemands restent plantés là sans manger sans parler, à croire qu’ils ont pris racine. Les Islandais qui avaient enfin fini et étaient prêts à partir, sont maintenant rejoints par la patronne et ils se mettent à se raconter leur vie. Noah est furax. On est à la fin de nos plats que nos allemands finissent enfin seulement par partir. Les Islandais eux, ont carrément pris racine, alors Cécilia en cuisine a pitié de Noah et prend le risque de le faire venir avec elle alors que sa patronne est encore dans la salle.
Noah est aux anges. Il peut enfin aider. Il va entrer et sortir 20 fois de la cuisine avec son puffin, se mettre à nous apporter nos desserts et nous tourner autour ensuite comme une hyène pour pouvoir débarrasser nos verres et assiettes à la seconde où on les quitte des yeux.
22h, on quitte enfin les lieux pour un dodo bien réparateur.
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