Aujourd’hui, on part pour la pointe nord-est de l’Islande, à quelques kilomètres seulement du cercle polaire. Plus précisément, on va dormir 3 nuits près de Porshöfn ; à Ytra Lon Farm dans la péninsule de Saudanes; donc dans une ferme perdue au bout du monde.

3h10 de route si on y va direct, mais on a en tête de tenter Hengifoss sur la route, et surtout Studlagil Canyon qui est tout en haut de notre todo liste depuis 3 jours. Dans ce cas on parle plutôt de 5h de route et 4h de marche.

Météo annoncée ? Chaotique avec nuages toute la journée, pluie de série. Peut-être une éclaircie vers 15h au Canyon sur un malentendu, puis pluie sur la route du nord et un éventuel mieux en toute fin de journée à notre point d’arrivée.

Après un bon petit déjeuner au Aldan café on se met en route. A peine quitte-t-on le fjord qu’on retrouve le même temps exécrable que la veille. Brouillard et petite pluie à perte de vue. On arrive sur Egilsstadir sans trop savoir ce qu’on va faire car toute la région a l’air comme cela. Alors quand on croit discerner une éclaircie à l’horizon, précisément du côté d’Hengifoss, même s’il y a 40 min aller, on tente notre chance.

Au pire, il y a Skriduklaustur à côté, la maison de Gunnar Gunnarsson, écrivain islandais qui m’est totalement inconnu, mais dont la maison a un toit en herbes. On est tellement désespéré par le temps du jour qu’on se dit qu’au moins on aura fait un truc.

Nous voici donc parti sur une énième route de graviers car la route principale est fermée par la police. On apprendra plus tard que c’était dû à une course de vélo. Décidément, après l’argentine, on est poursuivi par les courses de vélos dans les endroits paumés…

Arrivés au parking menant à Hengifoss, c’est plutôt mieux qu’espéré. Certes c’est très nuageux, mais c’est totalement acceptable au point qu’on commence à envisager de se faire la randonnée. Pour resituer le contexte, Hengifoss s’aperçoit au loin car elle fait plus de 100m de haut, mais elle est en fait à 2,5km du parking et surtout à 270m de dénivelé positif. Ce qui fait que si on y va, on en a pour 2h30 aller-retour. C’est faisable mais il ne faut pas trop tergiverser vau risque d’obérer nos chances d’aller au canyon qui est notre objectif principal du jour.

On hésite quand même un peu car Hengifoss est une cascade à voir surtout quand il fait beau car elle a la particularité d’être striée de lignes horizontales rouges liées à des strates très particulières au milieu du basalte. Donc quand il fait moche comme aujourd’hui, il est probable qu’on ne les distingue à peine. Et comme des cascades en Islande il y en a genre 1 000 qui ne nécessitent pas 2h30 de marche…

Noah se met à chouiner parce qu’il n’a pas envie de marcher. Et pour une fois, au lieu de le bousculer, on décide magnanimes, de reprendre la route pour faire les 5km qui nous sépare de la maison de l’écrivain le temps que Noah revienne à de meilleures intentions.

La maison est jolie, mais à mon avis l’intérieur ne casse pas 3 pattes à un canard, et ça a l’air plutôt touristique. On décide de ne pas descendre de voiture et on retourne à Hengifoss. Cette fois Noah n’aura pas droit au chapitre.

Après un micro-chouinage, Noah s’amuse à faire rouler son quad sur une corde le long du chemin. Du coup il adopte le bon rythme là où la montée est la plus forte et on avance.

Sauf que le temps d’arriver à mi-parcours où se trouve une première cascade dont le nom m’échappe, Les nuages se sont abattus sur Hengifoss qu’on n’aperçoit même plus. La pluie ne semble pas loin. Virginie se verrait bien continuer vu qu’on a fait la moitié, mais moi pas du tout.

Certes on a fait la moitié, mais de l’aller seulement. Et ça, pour tout grand mathématicien que je suis, cela s’appelle un quart. Donc selon moi, on va prendre la flotte sur la figure dans 5 minutes, probablement pas voir la cascade qui sera dans le brouillard, puis remarcher encore 1h30 pour rentrer tremper avec Noah qui chouinera. Et on plantera sûrement le canyon faut de temps ensuite faute de temps et d’énergie pour randonner une seconde fois.

Je suis catastrophiste ? Peut-être mais je force un peu la main et on se met à rebrousser chemin. 3 minutes après, il flotte. A peine le temps de mettre les k-ways, oublie les pantalons de pluie et on fait les 20 dernières minutes sous la pluie. Perso aucun regret, on arrive déjà trempés à la voiture, j’imagine si on avait tenté toute la rando.

Au moins on a un peu tué le temps car quand on revient à Egilsstadir, il est 14h. On prend un peu de ravitaillement pour les 4 prochains jours qui seront en zone isolée. On décide de faire l’impasse sur le repas – indignes parents que nous sommes -, mais c’est pour la bonne cause car si la météo est juste, on a une petite chance d’arriver au moment d’une éclaircie à Studlagil Canyon en partant maintenant.

Le canyon Studlagil, on l’a découvert via une photo Instagram que nous avait envoyé Anouk. On avait fini par retrouver le nom de l’endroit et l’avions mis sur la liste des choses à voir vu que cela ne représentait qu’un détour d’une heure environ. Dire que c’est un secret spot est peut-être un peu exagéré mais franchement il est loin de figurer dans la liste des « must do » en Islande alors que s’il est moitié aussi beau que sur la photo qu’on a vu, on a du mal à comprendre pourquoi.

Même en cherchant, je trouve très peu d’infos dessus d’ailleurs. Je finis par avoir plus de détail sur mon nouveau site référence weddingplanner. Ils ont été très bons sur la rando Storurd il y a quelques jours donc aucune raison de ne de pas leur faire confiance sur cette rando aussi, d’autant que c’est hyper documenté sur leur site.

On découvre ainsi qu’il y a 2 itinéraires pour le faire. La version « classique » par le versant ouest qui t’emmène juste au-dessus du canyon en voiture, et la version plus roots par le versant est ou tu t’arrêtes près d’une propriété privée. Il ne FAUT SURTOUT PAS TRAVERSER LE PONT et se garer juste avant. Après, tu marches sur environ 2-3 Km et tu arrives là aussi au canyon sauf que de ce côté tu peux descendre dans le fond du canyon.

Et évidemment, la belle vue instagram, elle n’est visible que d’en bas sur le versant est. Si tu arrives par l’ouest, et bien tu es marron car impossible de descendre ensuite ou de traverser.

Autre point clé pour avoir la vue Instagram, le coup de chance.

En effet, la couleur bleu émeraude de la rivière n’est pas liée au ciel bleu (ca tombe bien, pour ça on est plutôt très mal parti aujourd’hui comme vous l’aurez compris, même si j’ai mis Noah sur le coup en lui demandant comme pour la journée du tracteur de demander au soleil de nous nettoyer tout cela. Et croyez-moi, il s’y emploie le petit bonhomme. Pour manger à table il n’écoute rien, mais pour ça, il écoute. Allez comprendre…)

Donc j’en reviens à ma couleur bleue. Elle n’est pas liée au ciel bleu mais à la pureté de l’eau qui descend du glacier. S’il n’a pas plu les jours précédents, s’il n’y a pas eu un lâcher d’eau sur le barrage en amont, on a une chance d’avoir ce bleu. Sinon, ce sera marron gris. C’est quand même moins joli même si parait-il cela reste spectaculaire. Wedding planner a publié 4 photos sur son site prise à 4 moments différents entre juillet et août. 3 photos avec du marron/ gris, 1 seule avec du bleu. On a donc en gros ….  une chance sur 4 pour ceux qui suivent.

Plus on approche du canyon et plus le temps laisse entrevoir une possible amélioration. Quand on quitte la route 1 pour 20 km de piste on ne peut parler de ciel bleu mais au moins on n’a presque plus de nuages bas.

On trouve sans problème la route qui mène au versant ouest. On descend bien vers une ferme. Il y a bien un parking juste avant les 2 ponts. Il y a proportionnellement pas mal de voitures ce qui confirme que ce n’est pas a proprement parlé un secret spot tout de même mais qu’on est au bon endroit.

Ce qui est bizarre c’est que le pont, on peut le prendre en voiture alors que Wedding Planner voulait absolument qu’on se gare AVANT. Donc pendant un moment je ne comprends pas les indications de wedding planner et j’en suis à me demander si quand tu traverses le pont tu ne passes pas sur le versant ouest qu’on veut éviter. En même temps je ne vois aucun autre chemin que celui-ci et on voit des gens qui reviennent à pied de cet endroit.

On se met donc en route, mais j’interpelle un couple qui revient et qui me donne des messages contradictoires. Oui c’est le bon chemin pour aller en bas du canyon, mais c’est plutôt 5km donc compter 1H15 pour y aller. En revanche, il y a un autre parking 2km plus loin si on ne veut pas marcher inutilement. Pourtant sur weddingplanner ils l’ont marqué en lettres capital de ne pas traverser le pont en voiture et de se garer avant et plein de gens font bien ça donc…

Je décide donc de faire pour une fois confiance à la sainte institution du mariage et nous voici partis à pied comme ceux qui reviennent du canyon. On marche 20 bonnes minutes le long d’un chemin carrossable sans grand intérêt avec Noah qui râle un peu.

On croise quelques voitures dans un sens et dans l’autre. Virginie croit d’ailleurs reconnaître une voiture qui nous a dépassé il y a quelques minutes faire demi-tour dans la foulée.

On passe un raidillon et on découvre au loin qu’il y en a clairement pour 5km minimum.

Je profite d’une voiture qui revient dans l’autre sens pour les interpeller. Couple d’italien avec 2 enfants pas très âgés. Il me confirme qu’il y a bien un parking a 1,5 km et que la route pour y aller n’a aucun intérêt. Je lui demande alors s’il peut prendre Virginie en voiture et la ramener au premier parking pour qu’elle revienne avec la voiture.

Sympa, il accepte de lui faire un peu de place, et me voici à jouer au quad avec Noah pendant que Virginie part avec nos amis italiens. 10 minutes plus tard, Virginie revient nous prendre en auto-stop. Mauvaise nouvelle, entre temps, le peu de soleil semble être reparti et le ciel gris revenu, mais on vient de s’éviter près de 4km de marche sans intérêt. Weddingplanner a eu un petit raté visiblement.

A partir du second parking, on marche 5 minutes et on arrive devant une petite cascade. Je demande à Noah de faire son travail avec le soleil et pour le motiver parce qu’il ne veut vraiment pas marcher jusqu’au canyon, je lui dis d’abord que là-bas, ce sera le paradis des quads, et aussi que si on a beaucoup de chance on verra de l’eau bleu émeraude comme ses yeux. Noah enchaîne sur le fait qu’il a un anorak bleu, que mon pantalon est bleu et que tout cela c’est quand même un signe pour avoir de l’eau bleu.

Il repart de l’avant avec quelques pauses quad et meules de foin, et c’est tant mieux, parce que on a clairement 45 minutes de marche encore pour arriver au Canyon.

Et bien croyez-le ou non, après avoir marché le long d’un champ de meules de foin (nous on kiff les meules de foins et en Islande il y en a des milliers partout à cette époque de l’année), juste au moment où on arrive au canyon, un ciel bleu magnifique fait son apparition juste au-dessus de nos têtes. 1km dans toutes les autres directions c’est encore gris de chez gris, mais là, juste là, c’est bleu et il se met à faire chaud, genre lumière divine.

Et bien sûr, un bonheur n’arrivant jamais seul, l’eau est bleu émeraude. Le pied intégral. Du coup on voit qu’en effet si tu arrives par l’ouest, tu rates tout car tu surplombes un à pic de 50 mètres et impossible de descendre, mais de notre côté, tu as la vue sur les colonnes basaltiques, les pierres de toutes les couleurs qui ressemblent à des blocs taillés dans le marbre, et divers accès à même la roche plus ou moins simple pour permettre aux plus intrépides de descendre dans le canyon au plus près de l’eau. Et c’est tant mieux car résultat, presque personne ne descend juste en bas.

C’est bien simple on a tellement des étoiles dans les yeux, qu’on va y passer près de 2h sans voir le temps passer. Le tout sous un soleil radieux. On descend une première fois à un endroit où la rivière se sépare en deux. Noah va kiffer ses séances de quad sur la petite ile, dans les rochers et même dans les mini-cascades d’eau qui dévalent le long des falaises.

Puis on va remonter et avancer un peu près d’une mini-cascade. Là, la descente est clairement plus compliquée. On en fera un bout avec Noah, mais la dernière partie de la descente se fait à l’aide d’une corde et ce n’est pas raisonnable donc j’irai y jeter un œil pendant que Virginie restera avec Noah qui trouvera une nouvelle plateforme pour jouer au quad.

Voilà, il est passé 17h et je pense que ce qui nous a sorti de notre petit coin de paradis, c’est un petit sentiment de froid, car le soleil est entrain de laisser place à des nuages qui ont l’air tout sauf friendly. De toute façon on est grave à la bourre car mine de rien on a encore 45 minutes de marche retour et au moins 2h25 de route dans un no-mans land probable pour atteindre la pointe nord-est de l’Islande.

On se met en route, j’invective un peu Noah en voyant les nuages noirs s’amonceler au-dessus de nos têtes pour qu’il accélère le rythme et après 15 minutes de marches, vlan, on se prend la pluie sur la figure. J’ai envie de dire comme d’habitude vu que c’est la 4ème fois qu’on se prend la flotte à 30 minutes de la fin d’une rando. On enfile nos K-xays. Noah sympa accepte de marcher sous la flotte. On voit des gens qui arrivent pour voir le canyon. Pour eux ce sera clairement sous la pluie. Nous on a une banane sur le visage ? On a vu un truc canon dans les seuls 2h des 2 derniers jours ou il a fait beau.

Arrivés à la voiture on est gentiment trempés, donc on change Noah intégralement, mais on est bien content d’avoir amené la voiture jusqu’à ce second parking. Sinon on était bon pour plusieurs km de plus sous la flotte.

A la seconde où on quitte la route 1 pour la route 85, on quitte clairement les derniers signes de la civilisation. Heureusement contrairement à ce qui est annoncé, on ne prend pas de pluie sur la figure et surtout on reste sur de la route sur asphalte le plus clair du temps ce qui est rare en Islande sur des zones aussi reculées.

On va donc pouvoir rouler infine plus vite que la vitesse réglementaire (d’habitude c’est plutôt l’inverse car Google semble penser qu’on peut rouler à 90 sur des routes de graviers avec des nids de poule à profusion), ce qui fait qu’on arrivera à 20h30 ce qui est plus que raisonnable vu la journée qu’on vient de passer.

Premières impressions du Nord-est.

  • Nombre de voitures croisées en 2h30 : 4
  • Nombres d’arbres depuis qu’on a quitté la route 1 : aucun
  • Paysages : plaines désolées à perte de vue. On est tous seuls au monde.
  • Réseau : pas si mal que ça. Au moins si on crève ou si on tombe en panne on sera à des heures de routes d’un dépannage, mais on pourra passer un coup de fil à défaut d’espérer croiser une voiture

Arrivés à Ytra Lon Farm à Porshöfn, à nouveau que des bonnes surprises.

Les chambres sont situées dans une sorte d’entrepôt restauré. Une fois dans l’entrepôt tu te retrouves dans un grand chemin. Les chambres, chacune d’une couleur différente, se situent de chaque côté. Nous on a la 6. Noah adore ce chiffre et c’est la troisième fois du séjour qu’on a la 6.

Le restau est tenu par un couple d’italiens dont même après une longue discussion, on n’arrive toujours pas à comprendre comment ils ont pu atterrir là.

Hyper sympas, ils laisseront Noah aller visiter les cuisines (c’est son nouveau kiff) et on mangera un agneau de la ferme délicieux. Donc la bonne recette pour bien manger en Islande c’est donc agneau islandais de la ferme, mais cuisiné par des Italiens.

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