Non je ne suis pas victime de TOC, mais c’est vrai que je deviens un peu obsessionnel avec la météo Islandaise qui me le rend bien d’ailleurs. Sur les fjords de l’est, un peu comme dans le Landmanalaugar, je me suis mis dans une configuration me permettant dans une certaine limite d’intervertir l’ordre des endroits à visiter pour se jouer des caprices météorologiques.
Ainsi on rayonne plus ou moins autour d’Eglisstadir. Depuis 2 jours on est à 1h et quelques au nord. Ce soir on dormira à 40 minutes à l’est, et demain on repassera par Eglisstadir avant d’aller à l’est.
La météo étant annoncée très capricieuse, sur les 2 prochains jours, le choix de ce matin était un peu Cornélien. Sur zone on voulait voir par ordre de priorité : le canyon Studlagil, la chute de Hengifoss, la ville de Seydisfjordur, et en bouche trou météo sympa, les Vok Baths qui sont les bains chauds du coin et qui sont finalement plus sympas à faire quand il fait moche et froid pour le contraste avec l’eau à 40 degrés.
D’après ma savante analyse de la météo des prochains jours, il n’y a pas à tortiller. Aujourd’hui ils annoncent mauvais là où on est, mais de plus en plus beau surtout à partir de 14h au canyon et à la chute, et en fin de journée à Seydisfjordur. Les 2 jours suivants en revanche c’est pluie quasi assurée partout.
Du coup, en faisant fi de toute logique d’économie kilométrique – et de fatigue potentielle – , j’en viens à la conclusion un peu dingue que si on accepte l’idée d’une journée épique, moyennant la bagatelle de 4h30 de route et 4h de marche, et à condition de ne pas partir avant 10h du matin, on pourrait techniquement tout faire dans la journée par beau temps et se moquer de la pluie annoncée les 2 prochains jours.
Virginie a renoncé depuis longtemps à me dissuader de changer de programme, aussi éreintant que celui-ci puisse paraître. Noah, lui, n’est intéressé que de savoir quand il va faire les bains chauds. Et comme pour l’instant la notion de temporalité lui échappe totalement (1H, 1jour, aujourd’hui, demain c’est tout pareil), il suffit de lui dire qu’on ira aux bains chauds pour qu’il soit content.
On part donc à l’heure prévue, ni trop tôt ni trop tard pour arriver sur le site de Hengifoss au moment où le soleil est supposé miraculeusement se lever.
Je prends le volant pour affronter les nuages bas qui nous attendent de pied ferme à la sortie de Borgarfjordur. Jusque-là, la météo tient malheureusement ses promesses. Avec Virginie on n’a pas souvenir d’avoir affronté un brouillard avec une visibilité aussi faible depuis qu’on a eu notre permis de conduire. L’enfer sur terre. On parcoure nos 20 premiers kilomètres en deux fois plus temps que prévu, et en n’en menant pas large. Le seul point visible dans cet océan de gris, c’est le voyant rouge de notre voiture indiquant qu’il y a toujours un problème de pression sur nos pneus.
Quand finalement on se met enfin à descendre dans la plaine vers Egilsstadir … au lieu du temps qui devait s’améliorer, on ne voit que des nuages rasants s’étendant dans toutes les directions à perte de vue, une bruine s’abattant sans vent et laissant clairement entendre que contrairement aux prévisions météo, on en a pour toute la journée à 100km à la ronde.
Je me sens comme Napoléon à Waterloo attendant éternellement les renforts qui n’arriveront jamais. Sauf que n’ayant aucune envie d’être exilé à cause d’une bataille perdue, j’opte pour un changement radical de stratégie. Allons aux bains chauds et on oublie la montagne de kilomètres inutiles du programme initial.
Cri de victoire de Noah, suivi d’une franche approbation de Virginie.
Situés à 10km à l’ouest de Eglisstadir, les Vok Baths ont été conçus par le même architecte que le Blue Lagoon. Ils vont s’avérer être parfaits à tous points de vue, gommant même les quelques imperfections du Blue Lagoon.
Tout d‘abord les Vok Baths sont situés sur un lac. Contrairement au Blue Lagoon où les sources chaudes proviennent de la géothermie volcanique fortement dosée en souffre, ici les sources sortent du fond du lac à une température de 70 degrés. Les Vok baths n’ont donc pas l’aspect eau blanche laiteuse du Blue Lagoon. On peut mettre la tête sous l’eau et on a de l’eau non soufrée.
Second bon point, le monde. Ici, il n’y en a pas, tout simplement. On était moins de 20 personnes pour 5 bassins et Noah n’a pas été obligé de mettre des brassards avilissant pour le petit poisson qu’il est.
Enfin, corollaire à cette situation au bord du lac, en plus des eaux des piscines allant de 38 à 40 degrés, il est possible via des échelles de plonger dans le lac qui heureusement, grâce aux sources chaudes qui en sortent est à 18 degrés. Oui je sais c’est froid, mais sans les sources chaudes il serait plutôt à 10 degrés. Ca fait une différence.
Toutes ces bonnes raisons font qu’on va y rester à barboter plus de 2h, alternant entre les différents bassins et en sirotant un petit verre.
Dès qu’on entre dans le premier bassin qui borde le lac, Noah n’a qu’une idée, plonger dans le lac. L’eau du bassin déborde directement dans le lac gelé qui est agité de vagues. Ainsi en tendant la main, Noah peut plonger sa main dans les vagues froides tout en étant dans le bain chaud.
Au départ on essaye de le dissuader d’aller dans le lac gelé, mais un Allemand finit par s’y risquer…. 20 secondes avant de revenir dare-dare dans la piscine chaude. Du coup comme qui ne saute pas n’est pas Français, Noah ne cesse de nous tanner pour y aller à son tour.
Je fini par me dévouer pour tenter l’aventure. Je plonge dans le lac. Bonjour le choc thermique. Pendant 5 secondes, tu te dis que ça va le temps que l’information arrive au cerveau, puis tu es pris d’une vague de froid qui te frigorifie littéralement. Comme tout le monde me regarde et que l’honneur de la France est en jeu, j’essaye de revenir tranquillement à la nage vers l’échelle en essayant de garder la voix normale du gars à qui ça ne fait rien de plonger dans un lac gelé.
Du coup, Noah se dit qu’il peut y aller aussi et je n’ai même pas le temps de ressortir qu’il se présente devant l’échelle et plonge direct. Moi je ne l’ai pas vu, mais Virginie qui le regardait m’a dit qu’il a eu les yeux exorbités à la seconde où il a touché la flotte. Puis j’ai juste eu le temps de le récupérer et de le ramener vers l’échelle qu’il n’arrêtait pas de dire à quel point c’était froid et qu’il fallait qu’il sorte. Tu m’étonnes, avec la peau qu’il a sur les os… !
Mais une fois à nouveau dans le bain chaud, et sous les ovations des adultes qui regardaient admiratifs comment il avait plongé dans l’eau gelé, il était à nouveau fier comme Artaban. Mais de là à recommencer, il ne faut pas exagérer. Il aura plutôt de cesse de jouer au jeu de « ce sera toi qui iras au lac » en alternant entre Virginie et moi. Finalement, j’irai une seconde fois pour la postérité.
La seconde est d’ailleurs plutôt la plus dure car la première fois tu crois que ce n’est peut-être pas si froid que cela, alors que la seconde, tu le sais.
On quitte donc nos bains chauds à 14h bien tapé et sans le moindre regret. D’abord, on s’est éclaté, et ensuite le temps est toujours aussi infect. On a failli se faire une bonne bouffe à Eglisstadir au restaurant Nielsen, mais ils venaient de fermer. On finira à côté dans une pizzeria très sympa au demeurant avec un couple dont la nana n’arrêtait pas de tricoter pendant que le mec regardait son téléphone.
Noah a tellement été interloqué qu’il est allé papoter avec elle et que Virginie a fini par lui acheter une pelote de laine le lendemain avec laquelle il joue depuis toute la journée. Un vrai petit chat.
Le temps étant toujours aussi mauvais, on décide d’aller directement dans la ville de Seydisfjordur, notre hébergement du soir. Sur la route, je cherche une ou deux animations malgré le temps. Une cascade (ce qui n’a rien d’original vu qu’il y en a une tous les 20 km en Islande, et une petite trouvaille, une œuvre d’art en pleine nature).
La cascade Gufufoss est mignonette même si on a quitté le brouillard pour des nuages bas, mais elle est égayée par une énième nana en robe de mariée qui pose devant. Comme Noah aime les mariées cela a fini par le décider à quitter le chaud de la voiture pour aller voir.
On enchaîne ensuite sur notre fameuse œuvre d’Art qui a tenu en haleine Virginie et Noah sous forme de questions / réponse sur 20 km pour savoir ce que cela pouvait être et à quoi ça pouvait servir. Pour paraphraser Patrick Abitbol : « Ca sert à rien, c’est de l’Art » Avis aux cinéphiles…
On arrive au parking pour découvrir l’œuvre, j’ai nommé Tvisongur. Le temps est en train de se lever. Enfin un truc conforme à la météo annoncée.
Bon, je n’avais pas vu qu’il fallait marcher 700 mètres dont bien 150 en dénivelé pour atteindre l’œuvre de l’artiste Allemand dont le nom m’échappe, car celle-ci est en fait sur les hauteurs de Seydisfjordur… Mais arrivés sur place, je fais carton plein.
Le principe est un bâtiment en forme de 5 coupoles en béton imbriquées les unes dans les autres qui permet de donner un rendu acoustique proche d’une cathédrale mais différent dans chaque coupole.
Pendant près d’une demi-heure, étant absolument seuls, Virginie et Noah vont expérimenter les chants, puis un improviser un show sous la musique de Pirates des Caraïbes.
Après 30 min on est interrompu par une famille française. Les jeunes de 20 ans sympa, la maman sympa, le papa un peu couillon. S’ensuivra un échange entre Noah et le papa. Le papa disant que Noah a une tête de chou-fleur et Noah répondant qu’il a une tête de poireau.
Le débat se clôturera sur la descente après un énième pipi magistral de Noah en plein nature devant le fjord.
On repart ensuite vers l’hôtel Aldan à Seydisfjordur poser nos pénates. Super concept. Ils ont un bar / restaurant qui fait office aussi de réception, puis 3 bâtiments disséminés dans la petite ville pour les chambres. Nous, on est dans l’ancienne banque de la ville. On se prend d’abord un petit verre en terrasse avant de découvrir notre chambre super mimi avec une petite alcôve pour le lit de Noah peut-être annonciatrice d’une nuit sans qu’il débarque dans notre lit.
Puis on part découvrir la ville hyper colorée après avoir été préalablement réservé le restau Aldan qui est clairement le plus sympa de la ville. Toute la ville est incroyable. La localisation d‘abord dans le fjord ou toutes les maisons se reflètent.
Des myriades de maisons chacune de couleur différente, la rue emblématique avec au sol les pavés arc en ciel de la gay pride et les maisons super bien décorées tout autour. Le truc marrant, c’est quand même le fait que les pavés de la gay pride mènent jusqu’à l’église. J’aime bien l’ironie des milliers de photos prises chaque jour des pavés avec l’église en arrière-plan.
Durant la ballade, Virginie en profitera pour faire une petite interview pour le projet artistique d’une artiste déjantée, et Noah de jouer au milieu d’objets multicolores. Bref, on s’est régalé toute la soirée sous un soleil éclatant.
Au final, on n’a presque rien fait de ce qui avait été pourtant savamment prévu. Ils annoncent toujours moche les 2 prochains jours, mais on s‘en fout on a passé une super journée.
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