Alors qu’on s’apprête à aller voir des dragons de Komodo, ce qui est un truc que je traîne dans mon imaginaire depuis que je suis enfant, je ne peux m’empêcher de me demander comment je vais faire pour ne pas être déçu à l’heure du surtourisme auquel on sera inévitablement confronté.
En même temps (pour paraphraser notre cher Emmanuel Macron) cette pensée philosophique du matin n’est peut-être que le reflet de mon cerveau qui anticipe nostalgiquement la fin toute proche des vacances. Toujours est-il qu’il est 7h30, et que nous embarquons dans un speed boat pour une journée en bateau au parc de Komodo. Noah est ravi parce que le bateau d’hier qui nous a amené à l’hôtel papa, franchement, il était nul non ?

Pour entrer dans le parc, nous sommes obligés de repasser par Labuan Bajo qui est le porte d’entrée obligée de laquelle, en passant le tourniquet, on valide officiellement notre permis pour séjourner dans le parc. Pas de soucis, en speed boat, le trajet dure à peine 15 minutes. En revanche, arrivés à Labuan Bajo, de 5 dans le bateau on monte à 18 dans le même speed boat une fois le tourniquet franchi.
Ca va, c’est acceptable. Noah est juste un peu déçu car c’est bourré d’italiens. Remarquez, on a rien contre les italiens (qui sont sur représentés ici à Komodo visiblement). C’est juste qu’ils parlent encore plus mal anglais que les français, et du coup Noah sait qu’il n’aura pas l’occasion de se faire vraiment de copain durant la journée et qu’il ne pourra pas non plus raconter n’importe quoi sur n’importe qui à cause de la relative proximité de la langue.
Au programme de la journée, Pulau padar island, pink beach, l’ile de komodo et manta point. L’avantage avec le snoms anglais c’est qu’ils ont le mérite d’être descriptifs.
L’archipel du parc de Komodo me fait penser aux Galapagos. Des iles assez basses, peu de végétation et quand elle est présente, elle est très aride.



Pulau Pader island est à environ 40 minutes de Labuan Bajo. Alors qu’on cherche à accoster, ça grouille un peu de monde sur la plage et sur le chemin qui permet de grimper au sommet de l’ile.
Heureusement, tout le monde ayant cette tendance bien ridicule à ne pas comprendre que timing optimum de la journée ne rime pas nécessairement avec expérience optimum, notre léger retard de 15 minutes (volontaire ou non) va nous permettre de voir se dissiper en quelques minutes une grosse partie de cette foule qui semble en effet plus être en train de redescendre que de monter.
Noah en quête d’autonome part billes en tête pour faire la montée tout seul. Nous on suit une cinquantaine de mètres plus loin. L’ile de Pulau a une caractéristique particulière qu’il me semble reconnaître sur une ile des Galapagos qu’on avait faite en 2010 et dont le nom m’échappe.
Pulau est constituée de 3 anses qui se rejoignent plus au moins au cœur de l’ile. Chaque plage présente une couleur de sable différente. Nous accostons sur la plage de sable blanc et du cœur de l’ile on se met à grimper assez fortement le long d’une arête pour prendre de la hauteur. Arrivés au sommet on a fini par retrouver Noah et surtout, on a désormais une vue magnifique sur les 3 anses et leur plage de sable noir, blanc et légèrement ocre.
On a savamment dosé notre effort sur la montée et pas uniquement parce qu’il fait 35 degrés en plein soleil. On a surtout voulu laisser le monde redescendre et reprendre leur bateau ce qui fait qu’arrivés en haut il n’y a virtuellement plus que notre groupe.
On a bien sûr quelques spécimens dans notre groupe qui clairement à l’aire de la préhistoire seraient mort largement avant d’avoir eu le temps de faire des enfants. Entre ceux qui marchent comme des nouilles, ceux qui se mettent au bord du précipice pour voir s’il peuvent pas prendre une photo d’eux entrain de tomber, et ceux qui ont carrément pas pu monter à cause de la raideur de la pente et de la chaleur…
D’ailleurs, sur la montée, on a croisé des cerfs, mais pas de dragons. Je l’apprendrai plus tard mais en fait les cerfs servent surtout de déjeuner aux dragons. Ils auraient mieux fait de leur filer quelques touristes de notre groupe.
Plusieurs gardes du parc veillent sur les différents pans de l’ile car visiblement il doit y avoir ponctuellement des dragons et ces derniers sont particulièrement agressifs.







Une fois redescendus, nous sommes virtuellement le dernier bateau à quitter Pudlau. Direction Pink beach, qui, vous l’aurez compris, une plage de sable rose. Cette couleur lui vient de la présence dans le sable de coraux roses et de petites roches oxydées. De près on distingue très bien les 2 types d’éléments à l’origine de sa couleur et quand on embrasse toute la plage du regard, les reflets sont vraiment sympas.
Là aussi, on n’est pas complétement les seuls sur l’ile, mais c’est très acceptable. L’occasion d’aller se rafraichir avant de pique-niquer sur la plage puis tout d’un coup un bateau plus conséquent débarque une bande de jeunes de 25 ans avec la musique et le festival de fesses qui vont avec (et oui pour nous maintenant ce sont des jeunes). Nous on s’était assis sur une table à l’écart et du coup on se retrouve avec vue sur le groupe qui débarque. C’est un peu comme être devant la télé à regarder le premier épisode du Loft. Sociologiquement intéressant mais on y passerait pas des heures non plus.





Cela tombe bien d’ailleurs car il est 14h et c’est l’heure d’aller sur Komodo Island pour voir enfin les fameux dragons de Komodo. Il y en a environ 3 500 dans le parc de Komodo qui vivent principalement sur 5 îles. C’est sur l’ile de Komodo que la densité y est la plus forte avec près de 1 300 individus.
Dans les anecdotes sur ces bestiaux, c’est un reptile ovipare de 70 kg qui peut atteindre près de 3 mètres de long. Dressé sur ses pattes, il atteint les 80 cm. Rien à voir donc avec le lézard de nos piscines dans le sud si vous voyez ce que je veux dire.
D’autant qu’il est d’une agressivité presque maladive. Il peut manger jusqu’à 80% de son poids en un seul repas, soit près de 60 kilos de viande puis jeûner pendant 1 mois. Ce qui explique qu’un de ses mets préférés sur l’ile soit le cerf, qu’il est donc capable de tuer et d’avaler d’une traite.
Sa technique ? L’immobilité jusqu’à ce qu’une proie passe à proximité. Il est alors capable d’accélérer sur une courte distance jusqu’à 20 km/h. Il mord alors sa proie qui va mourir dans l’heure où les minutes qui viennent du fait des bactéries extrêmement nocives contenues dans sa gueule. Une fois la morsure faite, il ne reste plus qu’au dragon à suivre sa proie jusqu’à ce qu’elle s’effondre, ce qu’il fait avec la plus grande facilité puisqu’il peut repérer une charogne à 4km grâce notamment aux capteurs situés sur sa langue.
Oui mais il ne peut pas être aussi mauvais. Les femelles, par exemple, elles ont bien un instinct maternel quand même ? Alors oui, mais notre ami, s’avère également cannibale. A 6 mois les petits sont mis dehors et livrés à eux-mêmes. Leur plus grand prédateur devient les dragons eux-mêmes qui n’hésiteront pas à les attaquer pour les manger.
Rajoutez à cela un comportement particulièrement belliqueux, cela explique que pour notre petit groupe, il y ait 4 guides dédiés pour nous encadrer. On apercevra 7 dragons en tout durant notre heure et demie de marche sur l’ile, dont on s’approche assez facilement à quelques mètres. Il parait assez évident que ces derniers ont développé une forme de proximité avec l’homme qui fait qu’ils n’attaqueront pas spontanément contrairement àc eux qu’on pourrait croiser par hasard sur une ile non ouverte aux touristes.
Après, dès que les mâles sont sortis de leur léthargie et se sont mis à se déplacer vers nous, le replis vers des zones surélevées a été imposé assez prestement. D’habitude il y a toujours un imbécile qui traîne un peu pour prendre une dernière photo, mais là pas du tout. Il faut dire que dans la dernière caractéristique du dragon, il faut savoir que si on est mordu, généralement on en meurt car on n’a trouvé aucun antidote à date aux bactéries qui composent sa gueule,
Noah en tout cas est ravi d’en avoir aperçu d’autant que de loin quand ils bougent pas on met un certain temps à les repérer. De sa rencontre avec les dragons il repartira avec un petit dragon en bois, souvenir de l’ile de Komodo.









En tout cas ce qui était surprenant sur l’ile de Komodo c’était qu’elle était habitée. Je pensais que le parc était entièrement classé en réserve naturelle, d’où les refus réguliers dans l’actualité de créer des complexes hôteliers dans le parc de Komodo. Il y a donc un petit village et bien sûr…. une mosquée. Etrange.









Bon, ce n’est pas tout ça, mais c’est snorkeling time ! Noah en piaffait d’impatience depuis 3 jours. On arrive à Manta point (ce qui est bien avec nos amis anglo saxon c’est que les noms sont toujours bien descriptifs. Donc je vous laisse deviner ce qu’on est parti essayer de voir à Manta point).
C’est un spot de snorkeling en pleine mer. Le temps a bien changé en moins d’une heure. Le vent s’est levé, la mer s’est formée. Vu comment on est déjà balloté dans le bateau, cela ne va pas être du snorkeling de lagon comme à Thaîti. D’ailleurs pour y aller c’est désormais gilet de sauvetage obligatoire.
Ce n’est vraiment pas idéal pour spotter les raies mantas dans ces conditions d’autant que ce n’est apparemment pas vraiment la saison. En temps normal ils essayent de repérer les raies du bateau mais là avec le remous c’est impossible. On va donc devoir se jeter à l’eau un peu au pif et les chercher au masque. Les débuts sont chaotiques. Une première personne va à l’eau mais avec le courant est ramené vers l’hélice du bateau. On a frisé la catastrophe. Tandis qu’une partie du bateau a renoncé à y aller, Noah, lui, a été le premier de la famille à sauter comme s’il plongeait dans la piscine à Biarritz.


Pas mal de courant et ça secoue sec ce qui fait que la visibilité est réduite mais on se repère grâce à une bouée qui sert de point de ralliement. Au bout d’un quart d’heure, ballotés dans les vagues on voit notre première… tortue. Une grande verte qui nage à contre-courant avec autant d’aisance que nous on est en souffrance pour la suivre.
On verra 3 tortues en tout (ce n’est pas turtle point ???). Puis soudainement mais j’ai envie de dire comme à l’accoutumée, Noah est pris de froid (en même temps avec toute la graisse qu’il a sur le dos..). Bref, on essaye de le garder encore à l’eau un peu mais il tremble comme une feuille.

A sa décharge les conditions sont vraiment dures et on y est depuis une bonne demi-heure maintenant. Quand on voit qu’il n’en peut vraiment plus, on fait une longue manœuvre pour se rapprocher du bateau et le sortir de l’eau. On continue de notre côté encore un peu avec Virginie et alors qu’on avait renoncé avec le guide à voir des raies dans de telles conditions et qu’on se dirigeait vers le bateau pour rentrer, nous voici récompensés de nos efforts par une grande raie manta et son poisson pilote qui passe majestueusement 5 à 6 mètres en dessous de nous.
On est un peu déçu qu’à quelques minutes prêt Noah n’ait pas vu la raie mais en remontant notre petit bonhomme grelotte toujours autant de froid et a commencé à avoir mal à la tête et un peu mal au cœur.

On remet le bateau en route et à la faveur du soleil sur le pont et du rythme des vagues sur le speed boot, Noah retrouve vite des couleurs et sa gaieté.


