Un moment de honte étant vite passé, la rando du jour, je l’ai trouvée sur le site islandais weddingplanner. C’est un signe ça, non ? Non, pas du tout, Désolé. Mais résultat, j’avoue avoir lu le descriptif de la randonnée avec une foultitude d’interrogations. Notamment est-ce qu’un chemin qu’ils jugent difficile l’est parce qu’en talon aiguilles et robe de mariée tout est difficile, ou est-il intrinsèquement difficile ?
En tout cas, la description des randos vers Storurd y était super détaillée car ils recensaient pas moins de 3 chemins différents pour y accéder. Aucun ne partant du même endroit et chacun ayant des avantages et inconvénients ceci qui avait suscité de la curiosité… et un peu de perplexité de ma part. Résumons :
Le plus long, mais le plus facile, se fait via Vatnsskard. Il fait 7,5 km aller, donc comme vous êtes bons en maths, bing on en prenait pour 15km.
Le plus court, via Njardvik ne fait que 4,5k m aller est présenté comme le plus intéressant mais aussi le plus difficile notamment par temps de brouillard car on s’y perd facilement.
Le troisième part de Vatnsskardsvegur et fiat 5,5 km. C’est ke chemin boucle d’or (ni trop long, ni trop difficile, ni trop beau).
Alors qu’est-ce que ce sera ? la maison en paille, la maison en bois ou la maison en bique ? (Noah mange un peu les r).
Et bien , pour une raison que j’attribue au fait que le jour de ton mariage il faut proposer le must du must (n’est-ce pas le plus beau jour de ta vie ? ) WeddingPlanner s’évertue à vouloir te faire prendre un chemin à l’aller et un autre au retour alors que tu ne pars pas du même endroit. Du coup, si tu n’as pas quelqu’un qui vient te récupérer, tu es bon pour te fader plusieurs km le long de la route en lacets qu’on a fait sous le brouillard hier pour retrouver ton véhicule. Pas très pratique tout cela.
Quand je cherche à recroiser les infos, sur internet je ne trouve quasi rien (on est dans les fjords de l’est alors qui va se paumer là-bas à part nous ? ) et sur place tout le monde écarquille les yeux quand je leur parle de 3 chemins. Pour eux il n’y en a qu’un (que j’identifie comme le plus long des 3 d’après le point de départ qu’ils indiquent) et ils ont plutôt envie de nous faire faire carrément une autre rando pour une raison que je ne comprends pas vraiment.
Noah, on le connait comme si on l’avait fait (ah ben tiens ça tombe bien, on l’a fait justement). On sait bien qu’il vaut mieux 9 km difficile, que 15km facile où il va s’ennuyer et où je vais être bon pour raconter des histoires de StarWars pour le garder « aware » pour citer un philosophe contemporain bien connu – Jean Claude Van Damn –.
J’avais donc opté pour l’aller et retour par le chemin dit difficile et pris une appli gratuite GPS pour nous repérer car ce matin, même si c’est supposé se lever, les montagnes environnantes sont pour l’instant totalement dans le brouillard.
Vers 10h, nous sommes prêts à partir. Munis de la carte GPS haute définition pour ne pas se paumer si tout d‘un coup on n’y voyait plus à 10 mètres, mais sans la robe de mariée, on reprend notre voiture avec le voyant des pneus crevés toujours allumé, direction Storurd.
A peine arrivés au simili parking (une zone d’herbes sur le bas-côté de la route), les nuages ont miraculeusement disparu et c’est un plein ciel bleu qui nous accueille. Très vite la rando s’avère plutôt simple. Bien balisée, bonne visibilité. La difficulté de Wedding planner devait donc bien être pour la mariée en talons aiguilles.
Pour être tout à fait franc et ne pas moquer ce site qui nous a bien rendu service, on a croisé sur le chemin une guide en train de rebaliser le sentier avec des poteaux jaunes. Donc peut-être qu’en effet le chemin n’était pas tout tracé quand ils étaient venus le repérer.
En tout cas, du coup, on est tranquilou bilou et on fait un atelier fleur de coton.
Noah a pris le petit 4×4 que Virginie lui a trouvé hier au Netto de la station-service et a accepté de marcher avec la promesse que ce serait le paradis des 4×4 ici. En effet, on traverse rapidement de nombreuses rivières et Noah se régale à faire traverser son 4×4. Du coup ça ralentit un peu le rythme vu qu’il avance courbé en deux. Comment il fait pour ne pas avoir mal au dos reste un mystère.
Après 2h de marche, on finit – enfin – par arriver au sommet et on peut apercevoir le Storurd d’ici pour la première fois en contre-bas. Mais qu’est-ce donc que le Storurd ? Je n’avais rien dit à Noah et Virginie pour leur faire la surprise mais je savais que ce serait canon.
Il faut imaginer une sorte d’oasis en plein désert. Depuis qu’on marche on est entouré de montagnes et tout d‘un coup quand on bascule de l’autre côté, on découvre un cirque d’origine volcanique avec un glacier suspendu, des montagnes dentelées tout autour, et en contre-bas, un ensemble improbable de lacs d’un bleu émeraude émaillé de nombreux rochers qui font penser à ceux de la digue aux Seychelles et qui forment comme des petites iles au milieu. Merci weddingplanner effectivement, ce lieu est hors du temps.
La descente est raide. On traverse même une petite portion dans un névé.
Mais arrivés en bas il y a une rivière qui entoure le lac qu’on n’avait pas identifié d’en haut. Tout autour, il y a une prairie comme si quelqu’un était venu la tondre récemment et qu’on était dans un lieu structuré parfaitement ordonné au milieu d’un spectacle grandiose (en fait ce sont probablement l’œuvre des moutons qu’on croisera juste après qui ont fait l’effet tondeuse).
Un peu plus et on serait à peine surpris de voir 70 vierges nous accueillir en dansant comme à la forteresse d’Alamut.
Petit aparté culturel pour ceux qui ne sont pas familier d’Alamut. C’était une forteresse dans les montagnes près de Téhéran. Hasan al-Sabbah, le « vieux de la montagne » qui ne pouvait rivaliser avec le Calife, voulait saper l’empire de l’intérieur en y formant des kamikazes qui devaient se sacrifier en assassinant les personnes clés du calife, voir le calife lui-même. Pour les endoctriner, il emmenait dans sa forteresse des hommes qu’il enivrait de Haschich. A moitiés en transe, il les emmenait à un endroit secret de la forteresse qui ressemblait à un jardin d’eden et dans lequil il y avait des dizaines de jeunes vierges qui étaient payées pour satisfaire leur moindre désir. Ces soldats étaient alors convaincus qu’ils rêvaient avant l’heure au plaisir des 70 vierges promises par le Coran pour ceux qui se sacrifient au nom de l’Islam et allaient ainsi faire les kamikazes le cœur léger. On les appelait alors les hachichiyin signifiant littéralement les «enivrés de haschisch». Le terme assassin ne serait ni plus ni moins que la francisation du mot arabe hachichiyin.
Tout ça pour dire que « putain, ici c’est beau »., et qu’en plus on est totalement seuls au monde.
En même temps, déjà qu’on est au fin fond de l’Islande, alors si tu files des indications comme quoi tu vas t’en coller pour au moins 15km, que c’est dur et que les locaux te dissuadent d’y aller, il aurait été étonnant qu’il y ait foule.
On a tous les 3 qu’une envie par ce temps radieux dans cet endroit sublime : mettre nos pieds dans l’eau.
On se retrouve tous pieds nus en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je monte sur un rocher pour mettre le pied dans la rivière et là j’ai littéralement un souffle au cœur. L’eau est glacé. Probablement aux alentours de 3-4 degrés. Impossible de garder le pied dans l’eau plus d’une quinzaine de secondes sans avoir la sensation de brulures.
Noah lui, ne semble à peine perturbé. Et on le voit jouer dans l’eau et se déguelasser à la vitesse grand V au point qu’il finira rapidement juste en culotte.
Il en profitera d’ailleurs pour nous faire un petit pipi face à cet Eden. On ne compte plus le nombre d’endroits magnifiques ou Noah s’est soulagé. Les plus belles toilettes du monde !
On pique-nique la et on rêvasse seuls au monde pendant une bonne heure et demie avant que quelques randonneurs nous rejoignent et s‘éloignent tout aussi rapidement.
Après avoir traversé la petite rivière, on se dirige vers le lac émeraude qu’on surplombe assez rapidement. Bienvenue aux Seychelles… avec de l’eau à 3 degrés et le glacier en arrière-plan.
On crapahute dans les rochers en en faisant le tour, puis on trouve un moyen de descendre jusqu’au lac et Noah poursuit ses aventures avec son 4×4. Tout d’un coup on entend un plouf. Il y a un jeune qui n’a pas pu résister à l’idée de plonger dans l’eau. Il a tenu 5 secondes et remonte frigorifié. Bonjour le choc thermique, mais bravo ! Noah préfère se mettre à faire des ricochets.
Voilà, il est presque 15h et entre les 4,5 km d’aller, les 2km pour faire la descente et le tour du Storurd, il faut maintenant tout se retaper dans l’autre sens. Là, comme à chaque fois qu’on est sur un aller et retour, même la perspective du 4×4 ne motive plus Noah et comme il avait écouté une histoire de vampire il y a 2 jours, me voici à lui raconter pendant les presque 2h du retour le début de la Saga Twilight. Je vous jure, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour son enfant.
En tout cas, ça marche du tonnerre. Il faut dire que déjà les vampires il kiffait mais alors lorsqu’il découvre qu’en plus il y a des loups garous… Un peu avant 18h, nous voici de retour au parking, juste au moment où les nuages reprennent leurs droits et qu’il se mette à cailler.
On se dirige ensuite vers la pointe du fjord à 6km en voiture pour une tentative d’observation de puffin à Borgrarfjordur. Si on n’aura pas l’occasion d’en voir de près on aura en revanche une vue magnifique sur tout le fjord et le petit port de pêche qui valait bien le détour.
Mais heureusement, on enchaine sur un café totalement hétéroclite comme on aime, le AlfaCafé. De dehors tu penses au début qu’il est fermé (les Islandais n’ont pas la devanture très aguichante dès que tu quittes Reykjavik), mais à l’intérieur, il y a un décorum fait de poissons séchés, de « gueules » de pécheurs islandais dans de vieux cadres, d’outils de pêche. Un ensemble qui donne vraiment une atmosphère singulière.
De retour dans notre chambre, comme Noah a bien marché, on le laisse voir la fin du dessin animé « les mondes de Ralph ». Sauf que quand celui-ci est enfin terminé, et qu’on se dirige vers le restau de l’hôtel, celui-ci s’avère en fait fermé pour la soirée. Le manager nous explique qu’il avait donné une journée off à son staff. On va donc sur sa proposition se chercher des pizzas en ville (enfin pour être plus précis dans le micro-village) et on revient les manger dans son restau.
Sympa, il nous dresse la table, Virginie se commande un petit verre de blanc. Noah sympathise avec le manager et essaye de lui parler en anglais, va visiter sa cuisine, revient avec des desserts… On passe un très bon moment et d’autres clients de l’hôtel attirés par la lumière finissent eux aussi par faire leur dînette dans le restau.
Avec tout ça on avoisine mine de rien les 22h30 pour changer. Demain s’annonce plus incertain du fait pur changer d’une météo capricieuse annoncée sur les prochains jours dans la zone. On va devoir jongler comme d’habitude.
Chaque jour suffit sa peine. A demain. Merci Weddingplanner pour cette idée de rando parfaite en tous points.
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