Il y a 9 jours de cela, nous étions dans la salle d’attente de l’aéroport de Fortaleza, prêts à embarquer pour Paris et rejoindre la ferveur olympique qui avait envahi la capitale avant de repartir illico presto dès le lendemain pour une semaine qui allait s’avérer laborieuse à essayer de sortir de terre notre projet hôtelier.

Nous avions déjà en tête depuis le début du mois de juillet de repartir quelque part en vacances en aout, mais le choix de la destination se faisait désirer. Un temps il fut question d’aller dans le nord de l’Europe, puis j’avais lancé l’idée de Madagascar au débotté, mais Virginie avait à juste titre trouvé que ce serait un énième voyage fatiguant et qu’on avait peut-être intérêt à trouver plus calme. Rendez-vous pris donc pour l’année prochaine, mais du coup on n’avait toujours pas notre destination du mois d’août. Noah, lui, se fichait un peu de l’endroit tant qu’on prenait un long vol de nuit. Chacun ses priorités !

Hier, Virginie avait lancé alors qu’on regardait la carte du monde depuis 10 bonnes minutes dans un silence total, l’idée de l’ile de la réunion. Pour être franc, j’avais adoré la réunion il y a 10 ans, mais un petit coin de ma tête me disait que ça manquait d’exotisme. Peut-être le fait qu’on y parle français. Bref, je n’avais pas exulté de joie à cet instant..

Me voici donc tout seul sur mon siège à attendre l’annonce de l’embarquement, Virginie partie depuis belle lurette avec Noah faire les boutiques, et je me dis qu’une fois dans le jus des absurdités inévitables du chantier auxquelles j’allais devoir faire face à mon retour, si je ne calais pas les vacances maintenant, on ne partirait jamais.

Allez, hop, c’est parti pour la Réunion. Je profite d’une annonce indiquant que notre embarquement allait avoir 15 minutes de retard pour aller sur l’appli d ‘Air France et prendre les billets, puis je  nous trouve 3 villas sur Airbnb, dont une qui me claque dans les doigts dans la file d’embarquement. Mais j’en retrouve une autre dans la foulée, et alors qu’on est installé près à décoller, je me rends compte que j’ai oublié de réserver une voiture pour le séjour.

Et voilà comment – quoi qu’en dise ma chère maman qui essaye encore de me convaincre que le monde était mieux avant internet (toujours pas compris pourquoi d’ailleurs, mais non, ne me réexplique pas ce n’est pas la peine) – j’ai booké nos vacances en moins de temps qu’il en a fallu pour Virginie de se trouver un sac à la boutique.

On est assis dans l’avion. Noah déjà dans l’ipad. « Ca va chéri ? » me dit Virginie. « Oui, très bien. On repart dans 9 jours à la Réunion, j’ai tout réservé ». Ah ok !

Nous voici donc 9 jours plus tard en train de faire nos sacs à la maison. On est rentré hier soir tard de sologne après avoir travaillé comme des chiens. Noah a durant ce lapse de temps embrassé fièrement la carrière de commentateur sportif (ça me fait penser que j’ai oublié de lui dire que mon cher papa avant commencé ainsi) en passant 8 à 10 heures par jour devant la télé à suivre toutes les épreuves des JO de Paris, notant fidèlement dans un carnet l’évolution score par score de chaque match après avoir dédié des zones en fonction des différents sports, et hurlant à tue-tête à chaque médaille française.

Et des médailles, il y en eut. 64 pour être précis, record absolu de la France aux JO. Je dois dire que ces jeux ont été une réussite à tous les niveaux. Des enceintes grandioses, des sportifs exceptionnels. Bref, on a soutenu, on a crié, on s’est embrassé. On a été parfois frustré, mais il y avait toujours un nouvel exploit pour nous faire oublier l’échec. Car l’échec fait aussi partie du sport.

Entre les 4 médailles de Leo Marchand en natation ; le doublé de Teddy Rinner au judo dans un scénario dingue où par équipe, alors qu’il y a égalité 3-3, le tirage au sort désigne une nouvelle fois la catégorie + de 100 kg de Teddy Rinner qui mettra un deuxième ippon au même japonais dans la même soirée après 5 minutes de combat intense ; mais aussi la médaille d’or en volley 3 sets à 0 contre les champions du monde.

Et puis ces renversements invraisemblables. Les handballeurs éliminés alors qu’ils ont le ballon en main et un but d’avance à 6 secondes de la fin. Les footeux qui perdent une nouvelle fois contre l’Espagne en finale après la demie perdue à l’euro 2 mois avant, et alors même qu’ils étaient pourtant revenus de nulle part – menés 3-1 à 6 minutes de la fin ; les basketteurs et basketteuses français qui se retrouvent chacun en final contre la Team Usa et qui échouent chacun d’un cheveu (1 seul point d’écart pour l’équipe féminine, tandis que les hommes perdaient sur le fil après 3 shoots à 3 points venus de nulle dans la dernière minute). Même les défaites étaient belles.

En tout cas, depuis ce matin, tout est parti pour un voyage qui semble d’une tranquillité absolue. Même pas besoin de sortir nos passeports, une carte d’identité suffira. Les bagages sont virtuellement prêts depuis la veille. Il fait 37 degrés à Paris, donc on a dormi en mode camping dans le salon à peu près climatisé (cela fait 3 ans qu’on n’arrive pas à nous mettre la clim à l’étage, un sketch)et ce  après avoir vu la clôture des JO jusqu’à 1h du matin à la télé.

C’est donc dans une désinvolture totale que Virginie et Noah se baladeront à poil jusqu’à 17h40 alors que notre taxi est réservé pour 18h.

Que pourrait-il donc bien se passer qui mette enfin un peu de piment à cette journée ?

Et bien après cette longue digression, il est temps de revenir au titre de ce billet. « C’est mes yeux ou bien ?  »

Car bien involontairement, je vais être l’acteur d’un de mes films cultes dans quelques minutes, j’ai nommé « les bronzés font du ski ». Le vol est à 21h, on a pris large, taxi à 18h. Les JO sont finis, plus personne dans Paris. 45 minutes, plus tard nous sommes devant le tableau des départs du terminal 3 de Charles de Gaulle.

Sauf qu’impossible de trouver notre vol. Etrange. Je m’approche d’un gars de l’aéroport qui avait l’air désœuvré et lui demande pourquoi notre vol n’est pas annoncé. Il regarde mon billet et me répond. C’est normal vous êtes à Roissy.

La boulette. On est dans le mauvais aéroport ! Ca n’excuse rien car je suis presque sûr que ce n’est pas ce qui m’a induit en erreur, mais si l’aller se fait donc malheureusement de Orly, le retour, lui, se fait via Roissy. Je crois simplement que pour moi, plus de 5h de vol c’est Roissy, c’est tout.

Bon. Notre vol décolle dans 2h10. Ce n’est pas gagné, mais ce n’est pas perdu non plus. Pas de panique, mais ne perdons pas de temps non plus. On coure vers les arrivées pour aller choper un taxi (ben oui, qui est assez bête pour avoir besoin de prendre un taxi aux départs d’un aérogare…).

On tombe sur un black. J’avoue, là, j’hésite un peu. Nos deux derniers chauffeurs de taxi, en plus d’être des dangers publics pour l’un d’entre eux, étaient tous les deux d’une lenteur désespérante, et sans tomber dans les clichés, statistique oblige, si les black sont indéniablement rapides en sport, dans la vie quotidienne, ils sont plus connus pour leur nonchalance.

Bon tant pis on est déjà engagé, ca le foutrait mal de sortir nos valises du coffre pour en prendre un autre. On verra bien. On annonce la couleur au Taxi (enfin, si je puis dire).

Mission impossible. Nous faire aller à Orly à 200 à l’heure pour ne pas rater l’avion. Il se retourne et nous demande si ça ne nous dérange pas s’il risque sa licence et s’il va à fond. Zéro problème. J’en profite pour raconter à Noah le film Taxi, d’abord parce que c’est d’a propos, et en plus parce que je me dis que ça va motiver notre chauffeur.

Dans les faits on n’aura pas eu besoin de bomber outre mesure. Il va nous faire gagner 5 minutes sur le temps indiqué par Google qui n’était déjà que de 38 minutes (merci la fin des JO). Du coup on va papoter avec Jean-Paul, taxi à ses heures, mais surtout prof de karaté. Il nous passe même son portable et son compte Instagram. Avec les JO, on n’est que sa 2ème course d’aujourd’hui. Avec Noah on est à deux doigts de l’embarquer avec nous à la Réunion tellement il est sympa. Bon, on ne le fait pas mais rdv est pris pour l’appeler à la rentrer pour un cours de Karaté.

Voilà, il était écrit que je ne rentrerai pas ce soir au panthéon des Bartoli qui foirent leur départ en avion. Après Jenn qui, arrivée trop en avance, s’était ensuite fait refuser par une peau de vache l’embarquement de leur vol pour la république dominicaine car l’enregistrement était fermé depuis 2 minutes alors que cela en faisait 10 qu’au comptoir elle traînait pour les enregistrer. Après ma chère maman qui – pour une fois qu’elle était super en avance pour aller au Canada – avait trouvé le moyen de flâner tellement dans la salle d’attente qu’elle en avait oublié de prendre son avion ; ma légendaire habitude d’être en avance pour être sûr d’être toujours à l’heure, et la chance d’avoir zéro circulation et presque personne à l’aéroport nous a permis d’embarquer pile à l’heure pour l’ile de la Réunion.

Yeah baby !!

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