L’ espoir de ravitaillement dans la nuit semble avoir échoué. Il est 7h, on vient de sortir de l’hôtel avec nos bagages, et personne n’est en vue. A 7h30 notre guide arrive. « Sorry, le chauffeur s’est mis dans la file d’attente en dormant dans la voiture. Ils ont été ravitaillé que vers 3h du matin et il est encore 30ème dans la file d’attente, mais au moins il y a de l’essence. A 8h30 nous voici enfin ravitaillés, a priori pour pouvoir tenir les 2 prochains jours. ON a 7h de route et notre chauffeur a à peine dormi cette nuit. Il va être en forme pour conduire, tiens..
Au moment de partir, on se rappelle qu’au restaurant hier soir Noah avait kiffé grave des espèces de beignets. On tente un arrêt au restaurant et Noah file avec son petit porte monnaie. Il revient quelques minutes plus tard avec pas moins de 7 beignets dans un sac !
En quittant Bajawa pour Ruteng, nous serpentons à nouveau dans les montagnes, cette fois entre 3 volcans que les légendes locales attribuent à trois esprits : Inerie (la femme), Inielika (la fille) et Keli Ebulobo (l’homme) .
Notre trajet nous fera surtout passer au près du volcan Inerie. Quand on arrive face à lui on fait un stop sur le bas côté pour l’observer. Tandis qu’avec Virginie on se demande si on aurait pas le temps de le gravir – apparemment c’est une histoire de 4h – Noah englouti son troisième beignet devant le volcan. Au final on va être trop juste en temps. Ce n’est pas tant que les distance soient énormes – on fait moins de 200 km par jour – mais l’état des routes de montagne nous fait rouler seulement entre 40 et 50 km/h.




On poursuit donc notre route jusqu’au village de Bena contournant le volcan de telle manière qu’on voit sa face Nord toute pelée, contrairement à la face sud plus verdoyante.
Bena est un très beau village, en forme de grande coque de bateau au milieu de la forêt tropicale juste sous le volcan Inerie. Jamais vu un village avec une structure de ce type. On entre par la proue. De chaque côté les maisons du village. En son centre, à la manière d’un pont de navire auquel on accède par des escaliers de chaque côté, la grande place ovoïde sur laquelle se déroule les cérémonies.
Au fond, comme la poupe d’un navire, on y accède à nouveau via des marches de part et d’autre, comme sur un bateau de corsaire. On se retrouve en hauteur devant un nouvel autel dominant toute la vallée. Il ne manque plus qu’un gouvernail !









On revêt à nouveau pour la visite un Sarong. Cela pourrait être agaçant comme à chaque fois qu’on force la coutume de manière un peu artificielle, mais tout d’abord il n’y a aucun touriste et comme Noah et Virginie adorent les Sarong, ils sont en fait ravis. Moi, je suis juste très beau dedans. Et puis il faut reconnaître qu’ils nous en donnent de beaux. Rien à voir avec le sac que Virginie à dû mettre à Medan à la mosquée. Bon après, on va rechoper des poux c’est sûr…
Techniquement, ces villages sont catholiques (les irréductibles gaulois dans un pays à ultra-majorité musulmane), mais ils y mélangent aussi des rites animistes. Pour gérer les incohérences de cumuler ces 2 croyances, on parle de religion catholique et de culture animiste. Aussi, les sacrifice d’animaux à chaque occasion de fête reste fortement ancré. Les familles mettent tout leur argent dans l’achat d’animaux, ici le plus souvent des buffles, avant de les sacrifier. Les cornes sont ensuite accrochées au mur de la maison qui a payé l’offrande.
On y retrouve aussi les tombes des anciens au cœur du village. Ici on mêle toujours la vie et la mort. Le gouvernement et les autorités catholiques ont fortement poussé ces derniers temps pour ne plus enterrer ses morts au cœur des villages, donc un cimetière assez coloré se trouve également excentré par rapport au village.
On retrouve aussi sur la place des grains de café et des noix de macadamia qui sèchent au soleil. Dans le calme des lieux, on les entend même craquer au soleil, comme des petits crépitements.
On est ici dans une structure matriarcale et les maisons des hommes et des femmes se distinguent par le motif lisse ou hérissé au-dessus du toit. Je vous laisse deviner quel motif représente la maison des hommes.










Pendant notre visite du village, Virginie jette son dévolu sur un sarong bleu qui, c’est vrai, magnifique, tandis que Noah se dirige vers une écharpe. Mais pour la première fois du séjour, on nous sort des prix 3 fois au-dessus de ce qu’on avait vu dans les marchés. D’habitude le charme opère mais là ils sont inflexibles sur les prix, nous aussi. On repart bredouille d’autant que de toute façon à ces prix-là on n’avait même pas le cash sur nous !
Petite pause déjeuner à Borong à mi-chemin entre Bajawa et Ruteng, Toujours des restaurants très sympas et où on y mange bien.



En repartant, on tombe enfin sur une poste. Depuis 25 ans, Virginie envoie une carte postale des endroits où l’on va à travers le monde à sa tante. Ici en Indonésie – ou du moins les endroits qu’on a visité – tous les guides nous ont regardé avec des yeux ronds en disant que les cartes postales avaient disparues. Virginie avait donc confectionné au Nirvana sa propre carte et cherchait désespérément une poste. C’est donc chose faite sauf qu’elle mettra un mois pour arriver, donc largement après l’anniversaire de sa tante qui est dans une dizaine de jours. Elle contactera donc sa cousine en lui envoyant une photo de la carte pour qu’elle le montre à sa tante. Mais que n’a t-elle pas fait ? Elle a réveillé les vieux démons et sa part en sucette avec la cousine dont les mesquineries ne méritent pas d’être relatées. L’enfer est pavé de bonnes intentions.


Sur les longs trajets, chacun à sa marotte. Noah avale les pages de son livre avec sa liseuse, Virginie fait des photos de rizières et de scène de vie dans un pays ou toute la vie s’organise autour et sur la route. Moi je me suis concentré sur les motos / scooters où le nombre de gens et de marchandises qu’on y entasse dépasse l’entendement.
Une photo ne cesse de manquer, celle des petits enfants dont la tête dépasse tout juste du scooter avec le parent derrière. C’est assez fréquent, j’ai très bien l’image en tête pour en voir 10 par jour, mais il n’y en a juste pas assez pour avoir une chance raisonnable d’en photographier une en se postant avec l’iPhone en roulant. Tu les distingues au dernier moment et il y a toujours un reflet, la main du chauffeur, un virage, ou un élément de décor qui gêne pour prendre la photo que j’ai mentalement dans la tête.

Juste avant Ruteng, on fait un léger détour pour aller sur les hauteurs de la ville où se situe un monastère. Un moment de calme et l’occasion de se plonger dans le thème de notre hôtel de ce soir qui est un couvent. Et oui, ce soir, on dort chez les bonnes sœurs au couvent Santa Maria !



Arrivés là-bas, une vingtaine d’apprenties bonnes sœurs sont sur le perron en train de papoter. Je glisse à l’oreille de Virginie que quand Noah va sortir ça va être l’émeute vu le succès qu’il engrange en Indonésie depuis le début du séjour.
Virginie me répond que ça l’étonnerait, elles n’ont d‘yeux que pour dieu ici. Noah ouvre la portière, met un pied dehors et on entend un cri hystérique « Oh my God ! ». On avait donc tous les deux raisons !
On sent une légère accalmie dans l’hystérie générale le temps qu’une bonne sœur prenne son courage à deux mains et demande à Noah s’il veut bien faire une photo avec elle, et puis derrière, c’est l’autoroute des prises de photos. Et comme toutes les stars, après son bain de foule, il a du sniffer quelque chose de fort pour se remettre de ses émotions, car le temps de prendre possession de notre chambre, on retrouve notre Noah entrain d’imiter la poule qui picore dans le patio du couvent. Ce soir en tout cas, après un restaurant de type taverne qu’on attendait pas vraiment à cet endroit là mais dans lequel on s’y sentira bien, on rentre dans notre couvent et nous endormons non pas à l’appel de la prière d’un minaret mais aux chants des bonnes soeurs qui doivent sûrement louer dieu de leur avoir envoyé Noah.









