Chez les RapaNui, et même s’il existait un roi de l’ile, les villages devaient probablement être totalement autonomes. Pour autant, l’une des seules ressources qu’il ont partagé fut cette carrière, sur les flancs du volcan Rano Raraku, seul endroit de l’ile où ils pouvaient trouver la pierre (basalte et trachyte) nécessaire à la construction des moaïs.

Taillés dans un seul bloc de basalte, tous les moaïs étaient sculptés directement dans la roche (certains verticalement, d’autres allongés ou en diagonale suivant le morceau de roche trouvé par le sculpteur), puis dégagés progressivement avec le plus souvent uniquement un dernier morceau de roche les rattachant par la nuque à la falaise avant d’être définitivement dissociés de la roche et transportés horizontalement vers leur village de destination via l’une des 4 grandes voies qui desservait l’ile.

Les modes de transport, puis d’élévation en position verticale sur la plateforme, de ces moaïs pesant de 20 à 75 tonnes (270 tonnes pour le moaï de 23 m mais qui ne fut jamais terminé) sont encore à ce jour relativement mal expliqués. Il est probable que des techniques à base de rondins, feuilles et huiles de palmiers aient permis de tirer avec des cordes (il n’y avait pas d’animaux type cheval ou bœuf) ces masses sur la dizaine de kilomètre séparant la carrière des plateformes. Mais si le moaï mettait en moyenne 6 mois à 1 an pour être sculpté, il est probable qu’un temps tout aussi important ait pu être nécessaire pour les transporter ensuite à destination.

A ce stade en tout cas les moaïs n’étaient pas totalement sculptés (les yeux en corail, le Topnut et les traits les plus fins du visage notamment n’étaient finalisés qu’à l’arrivée sur la plateforme) et tout moaï qui dans le processus de désolidarisation de la falaise tombait était laissé sur place même s’il ne s’était pas abîmé dans la chute car il était alors réputé avoir perdu sa magie (mana).

La carrière de Rano Raraku ressemble à un gigantesque cimetière de moaï (on en trouve près de 400) à des stades très différents d’avancement.

Certains toujours dans la roche (notamment les 2 plus grands qui ne furent jamais finis et qui mesurent respectivement 10 et 23 m de haut), d’autres finis et posés verticalement à flanc de carrière attendant probablement à l’époque d’être emmené avant que la guerre civile éclate , d’autres enfin en parfait état ou très abimés qui, étant tombés lors du processus de désolidarisation ont été laissé là à l’abandon.

Et le plus grand moaï, 23m, 276 tonnes jamais fini malheureusement.

On a marché toute l’après-midi sur les flancs de la carrière à observer ces visages tous semblables et en même temps tous différents, mais toujours tellement expressifs sans voir le temps passé. En fait, à part notre montre, c’est l’état d’avancement de mes coups de soleil qui aurait pu donner une idée du temps écoulé. Durée de la ballade : comme le roti : bien cuit, voir brûlé !

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