On part ce matin avec Pierre (Aline a eu un accident de réveil, elle nous rejoindra pour le déjeuner), direction Hau Tongariki, la plus grande plateforme de l’ile, puis dans l’après-midi, Rano Raraku, la carrière où ont été construits les moaïs.
Il est impossible de parler de l’ile de pâques sans un petit retour historique, statues et histoire de cette civilisation étant indissociables.
L’ile de pâques tient son nom d’un explorateur hollandais Jakob Roggeveen qui l’a découvrit le jour de pâques justement, un 5 avril 1722. J’en profite d’ailleurs pour remercier Jakob qui a eu l’intelligence contrairement à nombres d’explorateurs mégalomanes de son époque de nommer l’ile du jour de sa découverte et pas de son nom qui est tout aussi imprononçable qu’impossible à écrire sans fautes d’orthographe. Jakob, si tu nous entends…. Nous on ne t’entend pas (les fans de Laurent Gerra se rappelleront de ce sketch)
L’autre nom, et nom originel de l’ile, est RapaNui, du nom de la civilisation qui habitat l’ile. Le peuplement serait venu des polynésiens (probablement des iles marquises qu’on a visité, et plus certainement de Hiva Hoa au regard des ressemblances entre les Moaïs et des petites statuettes retrouvées là-bas) en 500 après JC. Une reconstitution avec les pirogues de l’époque en partant d’Hiva Hoa a montré qu’il avait fallu au moins 17 jours de mer pour atteindre RapaNui à l’époque de Hiva Hoa située à plus de 3 000 Km de là !
Les RapaNui auraient vécus en 8 ou 9 villages entretenant des liens sociaux (partageant notamment l’unique carrière de Rano Raraku pour la construction de leurs moaïs) et aussi comme souvent des rivalités, jusqu’à ce qu’une surexploitation des rares richesses de l’ile (notamment les forêts et la nourriture) les poussent à s’entretuer vers 1500 après JC, conduisant à la quasi disparition de la civilisation.
Si tous s’accordent d’ailleurs sur le bain de sang lié à un manque de ressources pour vivre (la disparition totale des forets ayant conduit à l’arrêt de la pèche faute de bois pour faire des pirogues, et à une érosion des sols les rendant pas assez fertiles pour les cultures), il y a en revanche toujours débat sur le fait de savoir si l’homme est seul responsable de cette catastrophe écologique ou si une longue période de sécheresse par exemple n’aurait pas été un facteur aggravant de la situation dans une ile probablement surpeuplée par rapport à sa capacité.
Seule certitude, la guerre civile qui en découla fut d’une rare violence et d’une durée très courtes. 2 théories s’affrontent ensuite :
– La théorie la plus communément admise est que la guerre civile fut si rapide que les bâtisseurs furent subitement interrompus, laissant sur place outils et statues inachevées pour se lancer dans la bataille, tout comme les statues sur les plateformes furent renversées par les assaillants s’attaquant à la puissance symbolique qu’elle représentait dans chaque village.
– L’autre, séduisant si l’on retient la thèse d’une longue sécheresse accélérant la destruction écologique de l’ile, et le nombre impressionnant de statues laissées dans la carrière (près de 400 sur les 900 de l’ile qui témoigne d’une frénésie de construction sur la fin), on peut aussi imaginer que la construction des statues étaient destinées à un appel aux dieux pour qu’il pleuve et que, voyant que la pluie ne venait pas, ils ont construits de plus en plus de statues jusqu’à ce que de rage devant la poursuite de la sécheresse, ils décident eux-mêmes d’arrêter toute construction et de renverser les statues de leur village respectif.
Après discussions, c’est quand même la première théorie qui prévaut largement aujourd’hui. Fin de notre parenthèse historique.
On se dirige donc ce matin vers la plateforme de Hau Tongariki, restaurée à 2 reprises dans les années 50s, puis dans les années 90s grâce à l’aide d’une firme japonaise, après qu’un raz de marée les ait fait tomber à nouveau.
Le travail de restauration durera 4 ans et on mesure en arrivant la précision du travail et le soucis du respect de la reconstruction, lorsqu’on nous explique que les 5 chapeaux (Pukao) qui reposent sur le sol n’ont pas été posés sur les moaïs car les archéologues n’étaient pas sûr de savoir quel Pukao allait sur quelle statue. Ces pukaos, faits d’une roche rougeâtre plus friable étaient posés en dernier sur la statue.
Cette plateforme est de loin la plus impressionnante de l’ile. Située en bord de mer, elle est comme posée au milieu d’une grande étendue plane avec des falaises enserrant la baie, et dispose de 15 moaïs cette-fois, de taille beaucoup plus grande que la veille, dont le plus grand moai érigé de l’ile pesant 86 tonnes !
On a ainsi pu en déduire qu’elle fut l’une des dernières construites de l’ile. En effet, les moaïs furent de plus en plus grand au fil du temps, comme si une course à la grandeur s’était engagée entre les villages.
Et comme il n’y a eu que 5 moaïs femmes dans l’histoire de l’ile, tous malheureusement invisibles au public, Virginie a décidé de faire le 16ème moais…. féminin celui-ci.
Les moaïs étaient ensuite érigés sur la plateforme et gravés sur place. La touche finale étant apportées avec les yeux, fait de coraux blancs et de tuf volcanique rouge pour l’iris des yeux.
Pas loin des 15 moaïs, en plein milieu de la plaine, un moaï repose sur le sol. Il a été abandonné là dans la précipitation avant de pouvoir être posé sur la plateforme à cause de la guerre civile qui a détruit la civilisation. Comment on le sait ? Parce qu’il était au milieu du village et n’avait pas encore eu les derniers traits gravés, notamment les yeux.
Virginie, elle, dans sa poursuite de féminisation des moaïs de l’ile, prend la pose…
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