04h07 : le réveil allait bientôt sonner mais nous sommes déjà spontanément réveillés. Est-ce notre sixième sens, ou la force de l’’habitude ? On ne peut même pas vraiment dire que le réveil est rude. D’ailleurs Noah se lève de même en 30 secondes au premier bisou dans le cou. Même pas eu besoin de chanter dans le creux de son oreille “Paris S-G….. Tous ensemble on chantera…. Cet amour qu’on a pour toi…. qui ne cessera jamais…”. qui depuis notre victoire en ligue des champions est l’arme secrète pour el réveiller en douceur. Ici à 700 mètres il fait déjà un peu frisquet – à moins qu’on soit en frissonnés au réveil -, aussi on opte pour des vêtements de montagne vu qu’on va grimper à 1 800 mètres pour aller voir le Kelimutu ce matin.
35 minutes de lacets en voiture plus tard, nous arrivons au point de départ du volcan. Rien à voir avec nos expériences du Bromo ou du Ijen. Il y a seulement 4 voitures sur un mini parking. Pas de doute, sur Flores on retrouve l’intimité qui sied plus aux environnements nature qu’on affectionne.
La montée ne présente aucune difficulté particulière. Elle est avalée en 40 minutes et on arrive 20 minutes avant le lever du soleil. 2 vendeurs à la sauvette proposent des boissons chaudes et ce n’est pas de refus car le sommet est balayé par le vent et il faut glacial.


La particularité du Kelimutu, c’est que l’on arrive en haut d’un sommet qui domine un système de volcans à 3 cratères, chacun contenant un lac d’une couleur différente. Après mon livre de science fiction culte le système à 3 corps (le seul livre des 10 dernières années où quand Virginie m’a demandé comment c’était je n’ai pas répondu « pas mal »), je vous présente donc le système à 3 lacs. Les 2 premiers lacs sont en enfilade presque dans la direction du lever du soleil, le 3ème est situé dans notre dos. Ces 3 cratères remplis d’eau font partie du même volcan et pourtant il ont la particularité de ne pas être de la même couleur. Plus étonnant encore, ils changent de couleur assez régulièrement, environ tous les 10 à 20 ans, mais là aussi sans jamais sembler reproduire un paterne logique.
Actuellement, on devrait en voir un vert émeraude, un noir et un bleu foncé, mais en 1980 ils étant blancs, verts et rouge, puis 20 ans plus tard de 3 verts différents. Selon la légende locale, Le lac noir accueillerait les âmes des villageois qui auraient eu une mauvaise vie, les âmes sombres. Le lac bleu émeraude, accueille les âmes jeunes et les bonnes âmes. Enfin le dernier lac, les âmes des anciens. Mais que disait la légende il y a 20 ans quand il n’y avait pas de lac noir. Cette histoire de légende heurte ma logique…
Aussi, pour ceux qui sont moins poétiques, mais qui se demandent comme cela est possible, les vulcanologues apportent des éléments sans pour autant avoir une certitude claire du procédé en oeuvre.
Ce qui est certain c’est que si ces 3 lacs proviennent bien du même volcan, ils ne sont pas reliés entre eux. On le sait car les niveaux de chaque lac se retrouvent à des altitudes différentes. S’ils communiquaient, les altitudes se nivelleraient rapidement.
Pour les différentes couleurs, on sait que cela provient de la combinaison classique de 3 facteurs. Les minéraux en suspension, ceux ajoutés par les gaz qui proviennent de dessous et la vie microbiote qui s’installe dans le lac et qui peut varier en fonction notamment de la température. A l’époque où celui-ci était rouge, il y avait probablement des oxydes de fer, le lac émeraude actuel est lié à des oxydes de cuivre, tandis que le lac noir est principalement lié à une forte présence en souffre. Maintenant, ce qui laisse perplexe la communauté scientifique, c’est comment se fait-il que ces teneurs varient autant par période de quelques dizaines d’années et de manières totalement indépendantes les unes des autres.
En tout cas, nous on est en haut, le soleil est en train de se lever, ça caille sévère à la faveur d’un vent qui ne commencera à faiblir qu’avec les premiers rayons du soleil. Le spectacle est magnifique et les couleurs des lacs se dévoilent progressivement. Noah se gèle et on tente de le réchauffer tant bien que mal. C’est plus facile pour Virginie et moi qui avons un peu de stock si vous voyez ce que je veux dire contrairement à Noah qui n’a vraiment que la peau sur les os. heureusement, le soleil commence à se lever et l’atmosphère se réchauffe.




On restera néanmoins une bonne heure là-haut, le temps que le soleil se lève complètement et qu’on puisse commencer à,apercevoir plus clairement le lac sombre du dernier cratère, jusque là baigné dans le noir de la nuit. En redescendant, on bifurque sur un autre chemin que nous n’avions pas aperçu lors de notre montée avec la lampe frontale pour atteindre cette fois l’exétrmité du deuxième cratère. Un autre point de vue permettant d‘admirer l’enfilade des 2 lacs cette fois du côté opposé, et surtout devoir les couleurs irréelles des bords du cratère.








A 8h30 on est de retour à l’hôtel. On a pourtant l’impression d‘avoir déjà vécu une journée entière. En même temps ce n’est pas entièrement faux. Mais pas le temps de se reposer. Si on n’arrive pas avant 10h à un nouveau check point routier, on se fera à nouveau coincer 2h à cause des travaux sur les routes de montagne..Ca motive !
On avale notre petit déjeuner, et nous voici en route pour le village de Wiong qu’on aurait dû faire hier mais qui avait été zappé à cause des 2h d’attente liées aux travaux. On revêt un Sarong pour se mettre dans l’ambiance avant de visiter ce village de montagne en toit de palme ou d’herbes hautes selon les cas. Il n’y a pas à dire, en sarong, on et tvraiment très beaux !
Comme souvent, ce village devient surtout une zone pour les cérémonies, les villageois vivant désormais tout autour dans des maisons qui ne sont pas dénuées de charme mais qui sont la plupart du temps en briques avec des toits en taule. C’est moins joli, mais c’est moins cher à construire et plus pratique au quotidien.












On reprend la route, arrivons pile poil à 9h45 au check point, ce qui nous permet à 10h de profiter de sa brève réouverture pour filer vers Ende sur la côte sud. On ne va pas se mentir, pendant l’heure qui vient, ça dort dur à l’arrière.
Ende, a bien failli être la fin du séjour à Flores sans mauvais jeu de mots. Impossible de trouver la moindre station-service avec de l’essence dans toute la ville alors que Ende était jusqu’en 1957 la plus grande ville de Flores et reste aujourd’hui un des grands pôles urbains.
On finit par se mettre dans une file d’une trentaine de voitures à une station-service avant de se rendre compte que les gens font en fait la queue pour être les premiers à la réouverture de celle-ci, prévue vers 19h ce soir si le ravitaillement a bien lieu d’ici là. La poisse, car nôtre hôtel, situé à Riung est à plus de 3h de route d’ici au Nord (les fameux zig zag qu’on fait entre le Nord et le sud tout en progressant vers l’ouest).





Le guide prend comme option de quitter Ende pour notre destination d’origine, à 30 minutes de là, à savoir la plage de Pengganjawa, fameuse pour ses galets bleus. On est rentré dans le dernier quart de la jauge d’essence mais il espère trouver une station service là-bas. Il doit se dire qu’au pire, on aura assez pour revenir sur Ende et patienter jusqu’à la nuit s’il ne trouve rien là-bas.
Arrivés à Pengganjawa, chacun se met dans son rôle. Noah file direct sur la plage en contrebas en nous laissant nous débrouiller de tout. Virginie, notre petit estomac sur pattes, va commander au barbecue notre déjeuner tandis que je préempte l’une des 3 tables sous une bâche qui surplombe la plage. C’est autant pour la vue que pour avoir un oeil sur le loustic qui comme d’habitude va manger ne 30 secondes et va avoir ensuite n’avoir de cesse que d’aller sur la plage.
La logistique bien en place, et en attendant notre repas, on descend rejoindre Noah sur la plage. Celle-ci est vraiment surprenante et particulièrement jolie. Au loin, a mer arrache des pans de roche volcanique, roule les roches pendant des dizaines voir des centaines d’années jusqu’à les fractionner et les polir, révélant en fonction des différents minéraux, les différentes couleurs qu’on observe maintenant sur les galets. Les bleus, largement majoritaires, viendraient principalement de minéraux à base de cuivre.
Virginie et Noah entament une collection de galets. Il faut dire qu’il y a de quoi faire ici. Noah ne sait plus où donner de la tête.







De mon côté, je m’éloigne un peu pour échapper aux “Papa regarde” à chaque fois que Noah voit un joli galet, ce qui sur cette plage arrive environ toutes les 20 secondes. Je marche un peu le long de la plage et profite de cette accalmie pour écouter le bruit envoutant des galets roulés à chaque ressac par les vagues.
Puis j’aperçois un gros galet bleu très rond et à des motifs parfaitement dessinés comme au trait. Très beau. Je le ramasse et en remontant de la plage, Virginie m’interpelle en me demandant si je compte vraiment ramener ce galet à Paris vu sa taille. ” Tu veux vraiment qu’on parle du poids des bagages ? “Oui, c’est ce qu’il me semblait…”




Noah, qui ne perd pas le nord et qui a entendu le guide nous dire que les locaux prélèvent des galets de la plage pour les revendre aux quatre coins de l’ile se met en tête de faire sa propre boutique de galets.
Bien sûr, il décide de le faire au moment où on passe à table, pile à la place de là où devrait être posée son assiette. Du coup il ne va à nouveau quasi rien mangé à midi, obnubilé qu’il est désormais à classer savamment tous les galets par taille et couleur et à interrompre notre moindre début de conversation en nous disant le prix de chaque ensemble de cailloux. C’est la technique bien connue de la hyène pour ruiner le déjeuner du lion jusqu’à ce qu’il finisse par leur abandonner sa carcasse. “Bon alors Papa, maman, vous m’achetez quels cailloux ? Ceux-là ils sont à 30 000 roupies, ceux là à 40…” En tout cas autant pour ranger ses affaires il a 5 ans autant lorsqu’il est question de commerce, monsieur développe un certain sens des affaires. Chaque pierre qui attire un tant soit peu notre attention se voit invariablement déplacée dans un ensemble de galets plus onéreux. On finit par lui en prendre quelques-uns pensant que ça nous aiderait à le faire se concentrer sur son repas, mais bien au contraire, il quitte aussitôt la table pour la plage pour réachalander sa boutique !



Pendant qu’on pille la plage, notre guide et notre chauffeur planchent sur la façon de régler le problème de l’essence avec les autres chauffeurs présents sur site. Tout le monde en est réduit à peu près à la même conclusion. Avant 19h, il n’y aura pas d’essence, mais jusqu’où cette pénurie s’étend elle au juste sur l’ile, là ce n’est pas clair.
Après 2h sur place, décision est prise de tenter notre chance et de faire comme si on allait en trouver sur la route. Le chauffeur ne nous dit pas grand-chose mais il se met à conduire en 3ème à l’économie tandis que le guide scrute chaque maison de village sur le côté pour voir s’il n’y aurait pas un bidon d’essence à négocier.
On quitte progressivement la civilisation et clairement aucune station-service en vue, ou lorsqu’on en voit une c’est toujours la même image de file de camions et voitures à l’arrêt devant une station résolument fermée. Alors que ça s’annonçait de mal en pire, on pile devant un camion à essence. Notre guide baisse la vitre interroge les gars qui lui disent que là ils cassent la croute mais qu’après ils vont ravitailler les stations-service dans la direction de Riung.
On reprend la route, décidés à les attendre à la prochaine station-service en se mettant dans la file, quand notre chauffeur pile une nouvelle fois. Il vient de repérer une petite échoppe qui vend les traditionnelles boissons et nasi goreng du coin, mais qui a aussi, ô bonheur, une rangée de ce qui à première vue ressemble à des bouteilles d’eau mais qui sont en fait des bouteilles remplies d’essence pour les scooters. D’ailleurs 2 scooters sont en train d’acheter pour faire le plein. On s’arrête et on négocie quelques bouteilles pour augmenter notre autonomie, mais bien loin de faire le plein. Virginie compte 3 bouteilles de 1,5 litres chacune récupérées ainsi. Avec l’Audi j’aurai juste pu démarrer le moteur, mais là, on s’est sûrement gagné une cinquantaine de kilomètres si on roule à l’économie.
Ce qui est certain c’est qu’on ne va pas pouvoir se fier à la jauge d’essence. celle-ci, tout comme celle de la vitesse semble résolument cassée.



Google m’indique une prochaine station-service à 30 minutes d’ici. On s’y dirige lentement mais sûrement jusqu’à ce qu’on tombe sur la fameuse station qui est entièrement fermée. Je ne sais pas ce qu’ils vont ravitailler, mais visiblement pas celle-là, et la prochaine est à Riung, à 2H d’ici.
Le guide et le chauffeur se remettent à parler doucement entre eux et visiblement décident de tenter le coup. Bien leur a pris car 2h plus tard, contre toute attente et après un arrêt sur la route pour observer d’un promontoire les îles qu’on fera demain matin en bateau de pêche, nous arrivons enfin à destination.





Ah, mais on ne nous avait pas tout dit. En fait, nous voici arrivés au Nirvana : D’ailleurs Bob Marley nous attendant à la descente de la voiture. L’hôtel Nirvana est comme son nom l’indique un motel type hippie plutôt sympa ou se mêle bungalows et tente de camping Queshua et où les gens étendent leur linge en plein milieu à la bonne franquette entre des palmiers et d’autres plantes exotiques. C’est parfait !
En attendant d‘aller dîner dans le seul restaurant de Riung à 15 minutes à pied d’ici, Noah et Virginie se mettent sur la terrasse et sortent calepins et crayons à dessins tandis que je rarappe tant bien que mal mes écrits. Avec un tel programme, j’avoue que trouver le temps d’écrire n’est pas des plus aisé alors quand une occasion se présente…








On quitte tôt le Nirvana pour le seul restaurant de Riung qui risque d’être pris d’assaut. Comme à chaque fois, l’ambiance y est simple et décontractée. ON enchaîne es jeux de carte et je vois que toutes les familles sur place en sont réduits quel que soit leur nationalité au sempiternel Uno.
Noah, lui, est paradoxalement pressé de rentrer à la maison pour une nouvelle séance d’épouillage. Virginie qui est devenue psychotique avec ce sujet pense qu’ils sont peut-être de retour (ou plutôt jamais partis vu la faible efficacité du produit). En même temps c’est auto-générateur car faites l’expérience, si vous parlez de poux, inconsciemment vous vous mettez à vous gratter la tête. Vous voyez ? Vous venez aussi de vous gratter la tête non ? Bon ben Virginie y pense tout le temps, donc forcément ça la gratte…
Bref, Virginie a trouvé une pharmacie avec… le même produit qu’il y a 2 jours. Elle en a pris 4 flacons avec la ferme intention de contenir, – à défaut d’éradiquer – le phénomène, et Noah a la ferme intention de profiter de cette aubaine pour voir un dessin animé pendant que Virginie s’occupera de ses cheveux. Tout le monde y trouve son compte en somme… sauf peut-être moi et les poux.




