Les éruptions volcaniques et les aurores boréales ont toutes les deux comme point commun que malgré le haut niveau de préparation que je mets pour tenter d’observer ces phénomènes dans de bonnes conditions, l’imprévisibilité de ces derniers combinée à un certain manque de chance, fait généralement que la réalité de l’observation se retrouve malheureusement assez loin de l’image que je m’en suis fait dans mon cerveau fécond.

En juillet, j’avais donc passé un certain temps à essayer de comprendre quel était le niveau réel d’activité du Kilauea et, s’il était encore actif, quel était la meilleure solution pour voir une coulée de lave de près.

De fil en aiguille, en passant de forums en forums je m’étais fait la conviction qu’il était possible avec un guide de s’approcher des dîtes coulées car le parc restait public. J’avais trouvé le fameux guide en question qui se vantait de pouvoir le faire.

J’en doutais un peu, mais l’espoir faisant autant vivre qu’il t’amène à faire d’énormes conneries.

En arrivant au Visitor Center il y a 2 jours j’avais bien vu que c’était forcément du pipo et que ça n’aurait aucune chance d’arriver. Tout le secteur est bouclé en mode Alcatraz et de toute façon même si l’activité volcanique reste quasi permanente, la lave coule actuellement dans le cratère qui vu sa configuration est clairement inaccessible.

Du coup mon guide perso qui nous faisait nous lever à 3h30 du matin allait très vraisemblablement nous faire faire aux aurores le même parcours que ce qu’on a fait avant-hier soir et ensuite on aurait fait des randos qu’on aurait globalement pu faire de notre côté.

Entre Noah qui dort comme un loir (toute proportion gardée) post covid, moi qui aie encore le bras en vrac et Virginie qui est aussi assez fatiguée, cela n’avait aucun sens de se coller un réveil à cette heure-là si ce n’était pas pour voir un truc magique.

Il m’a suffi d’un coup de fil en prétextant la bonne excuse du Covid de Noah il y a 5 jours qui n’avait plus de symptômes mais serait peut-être encore contagieux, pour que le Legal Council de l’agence leur conseille d’annuler pour être sûr de ne pas être accusés plus tard d’avoir contaminé d’autres clients après avoir passé du temps avec nous.

Tout cela pour dire qu’on se réveille donc vers 8h – et non 3h du matin – au son des grenouilles, ce qui est quand même plus confortable.

Alors qu’ils indiquaient en gros de la flotte toute la semaine, il continue de faire plutôt beau et on se met en route pour faire le Iki Trail, une petite rando de 2h qui devrait nous faire longer l’ancien cratère de l’éruption de 1957 avant de descendre dedans via un chemin abrupt, de le traverser dans sa diagonale et de remonter de l’autre côté.

L’histoire du Iki cratère se lit en partie sur la lave qu’on foule de nos pieds. Il y a moins de 70 ans ici, une fontaine de 450 mètres de haut remplissait le cratère d’un lac de lave de 100 m de profondeur. La lave a ensuite refroidi doucement ce qui rend le fond du cratère relativement lisse, et on retrouve en s’approchant de ses bords des vagues de lave figées.

Noah avait repéré sur le plan de la rando qu’il y avait 15 points de passage (sans qu’on y décèle la moindre cohérence d’ailleurs puisque la distance entre 2 points était inégale et que cela ne correspondait pas non plus à des points de vue).

Du coup on peut en réalité couper notre rando en 3 parties quasi égales en durée.

Dans un premier temps on a longé le cratère dans la forêt bien à l’abri de la chaleur avec ça et là des points de vue sur le fameux cratère autrefois rempli de lave avant de plonger dedans par un chemin étroit.

Ensuite, ce fut la grande traversée du désert qui aurait pu être beaucoup plus éprouvante si heureusement pour nous le soleil ne s’était pas cachée la majeure partie du temps derrière les nuages. Ici, on marche sur plusieurs kilomètres en ligne droite pour traverser le cratère dans sa diagonale la plus longue. On a bu, on a bu, on a bu.

Le sol de lave qui s’est solidifié il y a 70 ans présente d’importantes craquelures, notamment à l’endroit ou la fontaine de lave était en éruption. Puis progressivement en s’éloignant de ce point d’impact, le sol devient relativement lisse et on aperçoit petit à petit des vaguelettes de lave près du bord du cratère témoin d’un très lent refroidissement.

L’autre phénomène qui est toujours amusant, c’est que même au milieu de la désolation la plus totale, la végétation reprend ses droits avec notamment des buissons dont le nom m’échappe aux fleurs rouge éclatantes.

Enfin, c’est la remontée, effectuée comme la descente à travers la forêt au milieu d’une zone fleurie et qui nous permettra un dernier aperçu du cratère que l’on vient de traverser. Noah, nous a bien sûr comme tout endroit superbe qui se respecte gratifié d’un très beau pipi magistral que Virginie n’a pas pu s’empêcher d’immortaliser.

Noah n’a cessé de prendre les chemins de traverses, coupant les virages par les petits chemins ravinés par la pluie autrement plus pentus que le chemin officiel. Visiblement, pour notre petit randonneur de choc, 2h n’ont pas du tout entamé son capital physique. Il faut dire que le fait de suivre les 15 panneaux indicateurs étaient déjà en tant que tel un gros élément motivant, mais comme en plus je lui avait dit qu’au dernier panneau une super surprise l’attendait, autant vous dire qu’il était devenu carrément inarrêtable.

Malheureusement, la fameuse surprise au panneau 15 est tombée à l’eau. J’avais vu qu’on pouvait à cet endroit visiter un énorme tunnel de lave, sauf que celui-ci s’avérera fermé depuis 5 jours jusqu’à nouvel ordre à cause d’une résurgence de signes éruptifs. Apparemment une voute du tunnel s’est déplacée de 2 mètres en 1 journée alors que cette zone n’avait évolué que de 10 millimètres au cours des 3 dernières années. Pour éviter d’être transformés en barbecue géants, les rangers avaient donc gentiment fermé l’accès au tunnel.

Avec tout cela, il est quand même 12h30 passé et contre toute attente, nous trouvons aux abords de Volcano Village, dans une impasse improbable, le Ono Café qui va s’avérer être autant une belle découverte gustative (rare à Hawaii depuis le début du séjour), qu’un endroit bucolique pour ponctuer notre matinée.

On en profitera même avec Noah pour faire un foot improvisé avec l’un des ballons qui trainait dans le coin.

Bien repus, nous repartons dans le parc national, pour faire le tour du Kilauea Crater, faire la petite marche de sulfur trail et les 2 points de vue sur le cratère. Rien d’exceptionnel par rapport à ce qu’on a pu observer de l’autre côté du cratère d’autant que la bruine est de la partie. Finalement, le plus impressionnant, ce sont les photos à l’un des lookout qui montrent l’évolution du cratère à 3 mois d’intervalle. Oups..

Après une petite pause au Volcano Lodge à la demande de Noah (c’est l’avantage d’avoir un hébergement dans le coin, car le parc des volcans se situe quand même à 40 minutes en voiture sinon), on repart pour faire le Devastation trail.

Petite balade, plus qu’une rando au final car elle fait 2km aller. On débute du parking qui mène à la zone de lave active qu’on avait emprunté il y a 2 jours, sauf qu’on part du côté opposé dans la forêt. Très vite, on quitte la forêt pour traverser la zone ou le cône de cendre s’est formé lors de l’éruption de 1957 avant de déboucher sur un autre versant du Iki crater. Noah, à la manière d’un coureur du tour de France qui doit pédaler encore 2h dans sa chambre d’hôtel après une étape tellement il est chargé de produits dopant se trouve lui aussi en manque de Dopamine et se met sur le retour à nous faire des sprint..

En revenant de la petite rando, on aurait pu repartir pour aller voir la lave, mais le temps se gâte et il se met enfin à pleuvoter comme la météo l’annonçait depuis un bout de temps. On a donc bien fait d’aller voir la lave le premier soir quand l’occasion s’est présentée.

On décide donc d’aller dîner au thaï avant de retourner dans notre petite maisonnette du Volcano lodge en compagnie de nos grenouilles, qui raffolent de cette petite pluie continue. Demain, on se lève aux aurores, pour changer.

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